Bonjour à toutes et à tous,
Il y a six ans, en pleine mobilisation des Gilets Jaunes, des milliers de cahiers de doléances ont été remplis à travers le pays, déposés dans les mairies, rédigés sur les ronds-points, dans les foyers, ou à l’occasion du Grand Débat national lancé par l’exécutif. Des millions de mots, de phrases, de récits, de colères, de propositions y ont été consignés. Une prise de parole massive, souvent inédite, de celles et ceux qui, trop souvent, ne se sentent ni entendu-es, ni considéré-es dans la fabrique des politiques publiques.
Il aura fallu six ans. Ce mardi, suite à l’adoption à l’unanimité de la résolution transpartisane que je défendais le 11 mars dernier, le Gouvernement a enfin publié le décret permettant l’accès à toutes et tous aux cahiers de doléances, sans passer par une procédure de dérogation. Il est grand temps de redonner leur poids et leur dignité à ces paroles citoyennes. Grand temps de tenir, un minimum, la promesse faite à l’époque par le Président de la République : que cette expression populaire serait restituée intégralement aux français, sur une plateforme internet en open-source, et que celle-ci nourrirait les décisions à venir. Aujourd’hui, le même Président se félicite que ces cahiers constituent un « matériau historique et démocratique précieux » – tout en n’ayant rien fait pour les restituer. Parce que ces mots dérangent. Parce qu’ils montrent une France qui demande du respect, de la justice sociale, de l’écoute, et qui ne se contente pas des grands discours. C’est grâce à notre mobilisation que ceux-ci sont désormais disponibles.
Nous avons obtenu du Ministre l’installation d’un comité de pilotage auquel je participe, qui devrait se réunir dès les prochains jours (je vous tiendrai au courant!). Il nous reste à obtenir leur mise en ligne, en open source, afin qu’un accès numérique généralisé soit effectif d’ici la fin de l’année. Nous demandons aussi des moyens pour permettre à la recherche publique de les analyser, de les restituer, d’en tirer des enseignements pour demain.
Je suis convaincue que ces cahiers doivent pouvoir être consultés partout, par toutes et tous. Ce travail est d’autant plus précieux que nous entrons dans une période où les citoyennes et citoyens vont à nouveau être appelés aux urnes, pour les élections municipales de 2026. C’est dans ces temps d’échéance électorale que le fossé entre la parole politique et la vie réelle se fait le plus sentir. Les doléances, ce n’est pas du passé. C’est du présent. Ce sont les mêmes souffrances, les mêmes attentes, les mêmes colères qui se rejouent à chaque campagne, à chaque scrutin. Et l’un des drames de notre démocratie, c’est qu’elles soient si peu prises en compte, qu’on en doute parfois du sens même d’aller voter.
Permettre l’accès à ces cahiers, c’est bien plus qu’un acte de transparence. C’est un geste de reconnaissance. C’est dire : « nous avons entendu », même si cela arrive un peu tard. C’est donner de la matière à ceux qui veulent construire autrement, à ceux qui croient encore que la politique peut être faite à partir de la vie réelle. C’est reconnaître que le savoir n’est pas que dans les cabinets ministériels, mais aussi dans les mains calleuses, dans les esprits, dans les écrits des citoyennes et citoyens de ce pays.
À l’heure où la démocratie semble si fragile, où la défiance est immense, où l’engagement recule, il faut rouvrir les cahiers de la colère – et y lire aussi les germes d’un avenir commun. Cette étape, nous l’avons obtenue. Le reste, nous le construirons ensemble.
Pour revoir mon intervention sur France TV du 02 mai : Débat avec Marie Pochon, Astrid de Villaines et Vincent Jarousseau sur les cahiers de doléances
Le combat de la semaine : Vigilance en berne – quand “simplification” rime avec régression
Cette semaine, j’ai interrogé Stéphane Séjourné, désormais vice-président de la Commission européenne, au lendemain de mon retour de Côte d’Ivoire, sur le démantèlement en cours de deux textes cruciaux : la directive sur le devoir de vigilance et le règlement contre la déforestation importée.
Derrière les discours bien rodés vantant la “simplification administrative” pour les entreprises, une réalité s’impose : ce sont toujours les mêmes qui trinquent. Les géants de l’agro-industrie – notamment du cacao – voient leurs obligations allégées, pendant que les petits producteurs, eux, croulent sous des exigences kafkaïennes. J’ai vu sur le terrain ce que cela signifie : des producteurs, pour deux tiers sous le seuil de pauvreté en côte d’Ivoire, qui doivent eux-mêmes assurer la traçabilité GPS de leurs plantations, financer les écoles, les dispensaires, assurer la commercialisation en commerce équitable… pendant que les grands groupes européens n’ont, eux, aucune obligation d’accompagnement ni de justice dans le partage de la valeur.
Le “paquet Omnibus” que prépare la Commission n’est pas neutre. Il détricote pierre par pierre les protections environnementales et sociales qui sont tout autant de protections pour nous, Européens, notre santé et notre mode de vie; que pour les producteurs du Sud. Il fait mine d’alléger le système, mais en réalité, il alourdit le quotidien de celles et ceux qui produisent, qui vivent de la terre, qui respectent les règles. Et il nous expose, nous Européens, à une alimentation moins traçable, à des atteintes à la santé, à une planète davantage fragilisée.
Je l’ai dit à M. Séjourné : “Alléger les charges”, c’est une jolie formule. Mais il faut avoir le courage de dire qui paiera le prix de cette politique de l’abandon. En Côte d’Ivoire comme ici, ce sont les plus vulnérables. Ce sont les consommateurs, les agriculteurs, les ouvriers. C’est notre avenir commun.
Dans les semaines à venir, je poursuivrai ce combat à l’Assemblée : pour un commerce équitable, pour un encadrement strict des multinationales, pour que l’Europe reste fidèle à ses engagements sociaux, environnementaux, démocratiques. Parce que la justice ne se simplifie pas. Elle s’organise.
La question de la semaine : Que faire face à la fermeture des Centres de Santé Sexuelle ?
Lundi 14 avril, c’était jour de vote. Le département de la Drôme actait la fermeture des sept centres de santé sexuelle départementaux ruraux, ainsi que la réduction de 20% des budgets alloués aux 11 autres situés dans des hôpitaux ou portés par le Planning familial.
Et avec eux, des droits, des accès, des prises en charge essentielles disparaissent. Parce que derrière ces structures, ce sont souvent les seules portes ouvertes pour les plus jeunes, les plus précaires, les plus isolé-es. Parce que c’est là qu’on peut être écouté-e, orienté-e, accompagné-e sans jugement, parfois gratuitement, sur des sujets qui touchent à l’intime : contraception, IVG, infections sexuellement transmissibles, violences, santé mentale… Pourquoi ce choix ? Pour une prétendue “rationalisation” budgétaire. Mais quelle est la rationalité d’économiser 300 000 euros sur un budget départemental de plus de 800 millions, excédentaire de surcroît ? Quel est le sens de ce choix, sinon celui d’une idéologie qui rogne, année après année, les politiques de solidarité, d’éducation et d’émancipation ?
Comme le rappelait Simone de Beauvoir : « Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant »
J’ai interpellé le Ministre de la Santé et de l’Accès aux Soins à l’Assemblée nationale : Dans la constitution, la liberté d’avorter est garantie sur le papier. Mais pas son accès. “Monsieur le Ministre, que pouvons-nous faire quand une idéologie y fait obstacle, pour assurer que toutes les femmes, également dans les zones rurales de ce pays, puissent se voir assurer leurs droits ?”
Ce recul est dramatique. Et il s’inscrit dans un paysage bien plus large : celui des déserts médicaux qui s’étendent, des soignant-es épuisé-es, des urgences qui ferment la nuit, de l’attente interminable pour un rendez-vous en gynécologie ou en santé mentale, particulièrement en milieu rural. Alors que les besoins sont criants, ce sont les outils publics de prévention et d’accompagnement qui disparaissent.
Face à cela, je soutiens la proposition de loi transpartisane pour lutter contre les déserts médicaux, déjà portée par plus de 1500 élu·es, dont près de 1000 maires, dont nombre de la Drôme. Elle ne règlera pas tout, mais elle avance des solutions de bon sens : installer une première année de médecine dans chaque département, mettre fin à la majoration des tarifs pour les patient-es sans médecin traitant, rétablir la permanence des soins, réguler les installations sans remettre en cause la liberté dans l’immense majorité du territoire. Bref, poser enfin des bases d’équité dans l’accès aux soins.
Protéger les centres de santé sexuelle, c’est protéger un droit fondamental : celui de disposer de son corps, de sa santé, de son avenir. C’est une exigence républicaine, féministe et territoriale. Et c’est un combat que je continuerai de porter à l’Assemblée comme dans la Drôme.
Merci à ces élu-es mobilisé-es, à lire dans La Tribune Dimanche
Le film de la semaine : “Leurs champs du coeur » : un regard sincère sur celles et ceux qui nous nourrissent
“‘Les agriculteurs ne détruisent pas. Ils font ce qu’ils peuvent”
Lundi dernier, j’ai eu l’immense joie d’accueillir à l’Assemblée nationale l’avant-première du documentaire Leurs Champs du Cœur, réalisé par Mickaël Denis-Shi. Un film sensible, humain, profondément politique, qui donne la parole à 15 agriculteurs et agricultrices engagé·es partout en France. Dans un monde où l’agriculture est souvent réduite à des chiffres, à des normes ou à des colères, ce film prend le temps d’écouter, de comprendre, de montrer la complexité du réel.
On y entend la passion, les doutes, les galères, mais aussi les espoirs de celles et ceux qui tentent, jour après jour, de faire autrement. De produire sans détruire. De soigner les sols autant que les plantes. De rendre l’agriculture à la fois vivable, durable, et accessible. Ce film pose mille questions, et c’est ce qui en fait toute sa force.
Merci aux paysan-nes qui inventent, expérimentent, tiennent bon, malgré des politiques publiques pas franchement à la hauteur. Et merci à tous ceux qui croient, comme moi, que l’avenir de notre pays passe aussi par ses champs. Par une agriculture paysanne, résiliente, juste, au cœur de nos politiques publiques. Que vivent les champs du cœur !
La bonne nouvelle de la semaine : Pas de TVA imposée sans débat ! Victoire d’étape pour les auto-entrepreneurs
Mercredi dernier, en séance à l’Assemblée nationale, le Gouvernement a (enfin) annoncé la suspension de la mesure visant à abaisser le seuil de déclaration de TVA des auto-entrepreneurs à 25 000 euros jusqu’au prochain vote du budget. Pour rappel, cette décision avait été prise sans débat, sans concertation, en fin de nuit budgétaire au Sénat — et jamais examinée par l’Assemblée ! Le gouvernement souhaitait ainsi faire passer, dans l’ombre des débats budgétaires, une mesure des plus injustes qui aurait signé l’arrêt de mort de bon nombre de petites entreprises françaises, qui pour beaucoup dont la réalité économiques de nos territoires ruraux.
Ce recul, arraché grâce à la mobilisation de nombreux auto-entrepreneurs dans tout le pays, permettra d’ici l’automne d’ouvrir enfin un dialogue avec les premiers concernés : auto-entrepreneurs, structures d’accompagnement, territoires. Oui, il faut réfléchir à de meilleures protections pour les auto-entrepreneurs, notamment via les coopératives d’activité et d’emploi. Mais non, on ne peut pas prétendre « réformer » en frappant les plus précaires, dans l’indifférence et sans débat. Plein soutien à toutes celles et ceux qui font vivre nos territoires : artisans, travailleurs sociaux, artistes, formateurs, indépendants de tous bords. Et rendez-vous à l’automne, lors du prochain budget !
La date de la semaine : 29 avril 1945 Premier vote des femmes en France
Il y a 80 ans, le 29 avril 1945, des millions de femmes votaient pour la toute première fois en France, à l’occasion des élections municipales. Une date historique, gravée dans notre mémoire collective, fruit de décennies de luttes féministes souvent menées dans l’ombre, à contre-courant.
En ce jour d’anniversaire, pensons à toutes celles qui, dans les villages comme dans les villes, ont enfin pu faire entendre leur voix dans les urnes. Ce droit, conquis de haute lutte, n’est pas un acquis figé : il nous engage. Il nous rappelle que l’égalité, en démocratie, ne va jamais de soi, et qu’elle doit sans cesse être défendue, approfondie, concrétisée.
C’est le sens du combat que nous menons à l’Assemblée : avec le vote récent, la parité deviendra désormais la règle dans les communes de moins de 1 000 habitant·es. Une victoire discrète mais essentielle, qui va faire bouger les lignes là où, trop souvent encore, les femmes sont écartées des décisions, découragées ou invisibilisées. Je le crois profondément : cette mesure fera naître des vocations. Elle encouragera celles qui n’osaient pas, faute de modèles, faute d’appui. À nous, maintenant, de rendre leur engagement visible, de leur garantir des conditions d’exercice dignes, de faire de la politique un lieu d’émancipation, pas de renoncement.
C’est cela aussi, construire une démocratie vivante, exigeante, à la hauteur de notre idéal républicain : une démocratie où tous et touTES ont leur place.
Retour sur le 1er mai dans la Drôme : marcher pour le travail, la dignité, la paix
Ce 1er mai, comme chaque année, nous avons marché. Marché dans les pas de celles et ceux qui, depuis 1886, se battent pour des droits concrets : la journée de huit heures, un travail digne, des conditions de vie meilleures. Mais ce 1er mai, plus encore que les autres peut-être, il fallait marcher pour redonner du sens à un monde qui semble l’avoir perdu.
Alors que les guerres s’enchaînent, que les catastrophes climatiques s’aggravent, que les plans sociaux se multiplient sous couvert de compétitivité, alors que l’on subventionne massivement des entreprises qui licencient et délocalisent, et que la peur devient un outil politique, nous avons choisi de marcher pour autre chose. Pour la solidarité, pour la justice, pour la paix. Pour un avenir vivable.
Partout en Drôme, la mobilisation a été forte : au total, les forces de l’ordre ont comptabilisé 14 200 manifestants en Drôme et en Ardèche, tandis que la CGT avance le chiffre de 35 000 personnes mobilisées. À Valence📍, à Montélimar📍, à Romans📍, à Nyons📍 ou encore à Die📍, les cortèges se sont formés, rassemblant travailleuses et travailleurs, syndicats, associations, citoyennes et citoyens engagés. Merci à toutes celles et ceux qui, malgré la fatigue, malgré les vents contraires, ont porté haut les couleurs du progrès social.
Nous continuerons à défendre un travail qui émancipe, qui rémunère justement, qui respecte les humains et la planète. À combattre les logiques de casse sociale. Et à porter dans l’hémicycle la voix de celles et ceux qui n’en ont pas !
Mes prochaines permanences parlementaires
Voilà le calendrier de mes prochaines permanences parlementaires décentralisées ! Notez les dates et n’hésitez pas à prendre rendez-vous (créneau de 20 minutes) pour que nous nous rencontrions et que je puisse vous accompagner au mieux :
👉 Vendredi 23 mai de 10h00 à 12h00 à Montélier📍
👉 Vendredi 13 juin de 10h00 à 12h00 à Bourdeaux📍
👉 Vendredi 20 juin de 9h30 à 11h30 à Crest📍
👉 Vendredi 27 juin de 10h00 à 12h00 à Luc-en-Diois📍
👉 Vendredi 04 juillet de 10h30 à 12h30 à Buis-les-Baronnies📍
👉 Vendredi 11 juillet de 10h30 à 12h30 à Vassieux-en-Vercors📍
👉 Vendredi 18 juillet de 10h00 à 12h00 à Saint-Paul-Trois-Châteaux📍
👉 Vendredi 25 juillet de 10h00 à 12h00 à Saint-Jean-en-Royans📍
Pour prendre rendez-vous, veuillez nous écrire à
marie.pochon@assemblee-nationale.fr ou nous appeler au 06 65 82 25 99. J’ai hâte de vous rencontrer ! De nouvelles dates arrivent bien vite pour la fin du premier semestre !
L’agenda de la semaine 🗓️
Ce lundi 5 mai, après une réunion avec mon équipe, j’échangeais avec la CPAM sur le projet d’ordonnance verte. Je me rendais ensuite à la ferme Solarôme, spécialisée en plantes aromatiques et culture d’oliviers à Villeperdrix📍, puis je participais à l’Assemblée générale du Pôle de Santé Médico-Social de Curnier📍
Mardi, de retour à Paris, après de nombreuses auditions et une conférence de presse aux côtés de l’UNAF, je siègerai pendant deux jours en Commission du Développement Durable et de l’aménagement du territoire pour étudier la PPL « Duplomb » (et donc, protéger les abeilles, et notre santé au passage!). Mercredi, en séance, sera l’heure de l’étude en séance de la proposition de loi transpartisane contre les déserts médicaux : je serai bien évidemment mobilisée !
Ce jeudi, je serai à vos côtés lors des cérémonies de commémoration de la victoire du 8 mai 1945 à Saint-Paul-Trois-Châteaux📍 et à Nyons📍, puis jeudi je participerai à l’accueil du Ministre chargé de la Santé et de l’accès aux soins Yannick Neuder en visite au CHU de Valence📍, pour l’inauguration du plateau technique. Ce dimanche, je serai à Grignan📍 pour l’inauguration de la Foire Agricole !
Au plaisir de vous (re)voir,