La question qui nous occupe aujourd’hui, celle de l’introduction de la parité dans les élections municipales dans les communes de moins de 1000 habitants, s’inscrit dans une longue Histoire. Cette Histoire, c’est celle de la représentation, ou plutôt, de la non-représentation des femmes dans la sphère politique. On se souvient qu’il a fallu attendre en France l’année 1944 pour que les femmes acquièrent le droit de voter, il y a bientôt exactement 80 ans seulement ; qu’elles puissent devenir élues et entrer enfin pleinement dans la vie politique. Puis, il y a eu les lois de 2000 et de 2013, aboutissant à une parité obligatoire partout, sauf dans les communes de moins de 1000 habitants.
J’aurais aimé vous dire que dans notre pays, il n’est pas nécessaire de légiférer pour que les femmes soient représentées de la même façon que les hommes dans nos instances. Malheureusement, ce n’est pas le cas, et il est indéniable que l’inscription et l’obligation de la parité dans la loi a joué un rôle essentiel dans la représentation des femmes dans la sphère politique.
Alors, comme à chaque fois qu’il s’agit des femmes, on se demande, dans nos villages, si on trouvera des femmes. Des femmes disponibles. Des femmes compétentes. Des femmes qui auront le temps, de s’occuper de leur famille, d’être en activité, tout en étant de bonnes élues. Dans la Drôme d’où je viens, les femmes politiques incroyables que je côtoie à tous les échelons, me le disent toutes. Qu’au début elles ont eu un sentiment d’imposteur. Qu’elles se sont posées mainte fois la question de leur capacité. D’y aller ou pas. Face à des hommes, qui, eux, se posent bien moins la question. Jusqu’à demander à ces mêmes femmes élues, lors de leurs plus beaux discours si c’est pas leur mari qui le leur aurait écrit !
Chers collègues, si tant de personnes hésitent à s’engager pour les prochains scrutins, oui il serait de bon ton de réfléchir aux raisons de fond du désengagement des élus ruraux. La perte des compétences face à l’immensité de la responsabilité du Maire. Les faibles indemnités face à l’astreinte. La difficulté de concilier vie professionnelle et mandat de Maire. Et parallèlement, la difficulté d’arrêter son travail pour son mandat, car dans nos petites communes l’indemnité de Maire ne compense pas l’arrêt d’une activité professionnelle. Et oui il faudra travailler toutes ces questions.
Par contre, le vote de cette loi est essentiel pour que toutes celles qui se disent “ en suis je capable, y arriverais je” entendent d’une voie forte de notre part, qu’en milieu rural nous avons besoin de toutes les femmes qui souhaitent s’engager, et que pour cela le législateur n’opère plus de différence entre les communes de + ou de – de 1000 habitants.
Marie Pochon