“Faire beaucoup avec peu”
Marie Pochon, députée de la Drôme, prend acte du renoncement de la part du Premier Ministre à toute ambition de renouvellement démocratique et à traiter des enjeux du monde rural, de l’absence de toute forme de vision sur l’avenir de ces territoires et leurs habitant-es, oubliant toute référence aux, pourtant insuffisantes et premières, mesures du Plan France ruralités.
« Faire beaucoup avec peu » ne suffira pas pour répondre aux immenses besoins d’une population pénalisée par des choix structurants dans le domaine de l’économie, du soin et de la mobilité. C’est une recette que les gouvernements précédents ont appliqué avec soin pour le monde rural et cela ne marche pas. La seule piste concrète dédiée à un hypothétique investissement « en priorité dans les transports du quotidien » ne fait pas une politique d’aménagement du territoire.
Face aux risques de dénaturation de l’ambition en matière de sobriété tel que l’a exprimé le Premier Ministre, Marie Pochon rappelle que la lutte contre l’artificialisation doit rester une priorité associée à son pendant : la massification de la rénovation des logements au cœur des villages par un fonds rural spécial. En ce sens, la députée salue la seule mesure concrète potentielle avec « l’extension du prêt à taux zéro, sur tout le territoire ».
« Non, Monsieur le Premier Ministre, le bénévolat ne suffira pas pour apporter les réponses nécessaires à la vie quotidienne pour se soigner, éduquer, se déplacer, créer de l’emploi, ou développer la culture » déclare la députée. Le flou sur l’avenir de l’école et notamment le silence sur les projets de fermetures massives inquiète les mondes ruraux déjà largement sacrifiés sur l’autel de la « rationalisation ». Sur l’accès aux soins, premier mal et première insécurité dans nos villages, le recours au volontariat des étudiants ou des médecins retraités sont une insulte et une impasse condamnant au maintien des inégalités et l’amplification de la fracture territoriale : nous demandons, de manière transpartisane, la régulation de l’installation, depuis deux ans. Le gouvernement de Monsieur Barnier s’opposera-t-il à cette régulation, pour s’aligner avec le RN?
Marie Pochon dénonce l’absence de démenti sur la décision possible de réduire de 50 M€ les moyens aux services postaux dans les territoires, pourtant pierre angulaire de l’accès aux services publics et au maillage territorial dans nos villages.
Enfin, “faire beaucoup avec peu”, est bien le quotidien de nos agriculteurs et agricultrices. Nous le savons : la loi d’orientation agricole ne pourra pas répondre aujourd’hui aux enjeux d’installation, de transmission, de transition agricole, face à des défis – climatiques, sanitaires, économiques, qui s’accumulent. Il faut engager une rupture : celle de la coopération sur la compétition, celle des prix rémunérateurs sur la main-mise des agro-industriels, celle de l’agro-écologie sur la signature d’accords de libre échange.
“Écoute, respect et comptes à rendre”
Le Premier Ministre a affirmé, à la tribune “je soumets l’idée d’organiser régulièrement une journée nationale de consultation citoyenne. Ce jour-là, les mairies seraient ouvertes”. Elle tient à lui répondre que les mairies sont ouvertes tous les jours, et que chaque jour qui passe, des citoyens viennent y trouver réponse à leurs problématiques du quotidien, écoute et respect. Elle tient également à lui rappeler que quand l’État est absent, ce sont ces mêmes mairies, leurs élus, leurs agents, les bénévoles qui gravitent autour, de ceux qui font beaucoup avec si peu, avec toujours moins, qui font vivre la démocratie et la République. Encore une fois, Michel Barnier invente un nouveau gadget de la consultation citoyenne en imposant une nouvelle fois une manière d’agir aux communes alors que toutes les doléances des mondes ruraux et de cette fameuse “France périphérique” sont aujourd’hui à la disposition des pouvoirs publics pour peu que l’Etat accepte de les rendre publiques. Dans ces précieuses doléances, on retrouve “des bonnes idées” et un véritable programme de gouvernement : mobilités, services publics, justice fiscale et sociale, augmentation des salaires, dignité humaine, transition écologique juste, rénovation thermique des bâtiments, retour de l’ISF, RIC. Les “petits” y parlent aux “grands”, le “nous” aux “eux”. Les “gens d’en bas”, comme Monsieur Barnier les appelle, parlent à ses dirigeants. Utiliser cette matière, c’est le cap que devrait se fixer ce gouvernement plutôt que de créer une énième journée nationale aux vagues contours. Marie Pochon poursuivra, résolument, son action pour leur publication par le dépôt d’une résolution en ce sens.
“Nous serons au service des Françaises et des Français, quand vous êtes, toujours, au service du Président de la République”.
Cette phrase prononcée dans la réponse du Président du Groupe Socialiste au discours de politique générale résume tout. Le discours de Michel Barnier était un discours annonçant avec une certaine monotonie la continuité des politiques menées par Emmanuel Macron depuis sept ans, celle d’une politique de droite classique, qui ne pourra tenir que grâce à l’aval du RN, avec une vision sécuritaire de la société, la primauté à l’ordre, l’ordre, l’ordre, au détriment du pouvoir de vivre, de la dignité, de l’égalité territoriale, du renforcement de l’État de droit, de notre École républicaine et de nos services de santé, du climat et de la biodiversité. “Je crois en la politique comme un fait enthousiasmant, comme, je crois, les millions de personnes qui se sont mobilisées en juin et juillet dernier aux élections législatives, qui l’ont fait avec grand espoir et enthousiasme d’enfin changer les choses. Je travaillerai à ce que ce long discours monotone du Premier Ministre soit contré par un travail transpartisan fertile, constructif et porteur d’espoirs pour les jours heureux dans notre Assemblée, coeur battant de la démocratie.
Marie Pochon