MON COMMUNIQUE DE PRESSE SUR LA CENSURE DU GOUVERNEMENT BAYROU

Paris, 5 février 2024

Il n’y a qu’une seule question politique : comment voulez-vous élever vos enfants ?

Cette phrase est celle de François Bayrou, il y a quelques années. Je la partage entièrement. Je crois que cette question, c’est celle qui doit animer chacun de nos choix, en tant que représentants de la Nation. 

Le réchauffement planétaire et la conquête du pouvoir par les néofascistes sont les deux grandes menaces qu’affrontent nos générations. Tandis que la géopolitique nous rattrape, la situation intérieure se dégrade fortement, rythmée par les catastrophes climatiques, l’augmentation du chômage, les licenciements industriels, l’affaissement des collectivités locales, et la dégradation des services publics les plus essentiels – l’école et les hôpitaux. Comment voulons-nous élever nos enfants ? 

C’est la question que je me pose, depuis cette dissolution inconséquente, depuis cette morosité installée dans le pays du refus démocratique du résultat des urnes, quand la seule discussion proposée au pays est celle de la haine et du rejet de l’autre. Des discussions, nous devrions en avoir tant d’autres, à commencer par celles qu’avaient posé sur le papier les millions de Français qui ont noirci les doléances sur les manières d’être à la hauteur du défi climatique et environnemental tout en protégeant nos compatriotes les plus vulnérables, la réindustrialisation, l’accès aux soins, à la culture, les moyens de notre École Républicaine, la justice fiscale, le respect du droit international. 

Mais partout, tout le temps, c’est le chaos qui s’installe, peut être à dessein : on attaque les institutions garantes de l’état de droit, le climato-scepticisme s’installe, on laisse dire des choses qu’en d’autres temps, toute la classe politique aurait condamné; des « étrangers, dehors » criés dans l’hémicycle aux “submersions migratoires” ; et tandis que des responsables politiques brandissent des tronçonneuses en conférence de presse, on place des cibles sur tous les thermomètres de la protection de la biodiversité, de l’OFB à l’ADEME en passant par l’Agence Bio, les réserves naturelles, le CNRS, ou l’INRAE. Tout cela, en appelant les autres à la responsabilité et à la stabilité. 

Les faits : 1000 milliards de dette creusés depuis 2017 par la droite sénatoriale et le bloc présidentiel; empêchement d’un débat sur un PLF rectificatif en 2024; publication de notes confidentielles datant de décembre 2023 remettant en question la sincérité du budget 2024 que nous n’avions même pas pu débattre ; absence des députés du “socle commun” en séance lors de l’examen du budget 2025 ; et le vingt-quatrième 49.3 en deux ans qui aura suivi. Dans une assemblée si fracturée, oui tout cela est irresponsable. 

Malgré tout, j’ai, comme l’ensemble de mes collègues Écologistes, participé aux débats budgétaires cet automne. Nous y avons fait adopter des amendements, en commission, et en séance, grâce à des votes venus de tous les bancs, démocratiquement. Le gouvernement n’a pas retenu ces amendements dans le 49.3. 

Puis, nous sommes revenus aux discussions, et avons argumenté, fait des propositions crédibles. Nous sommes allés à Bercy, nous y avons passé des journées et des nuits, parce que le dialogue et la culture du compromis sont des valeurs que nous portons, nous qui défendons le renoncement au 49.3. 

Ce renoncement, le Premier Ministre a décidé de ne pas le faire sien. Il a sciemment décidé de repartir du budget de Monsieur Barnier, qui avait pourtant été censuré. Il a, malgré la loi spéciale budgétaire que nous avons votée en responsabilité, autorisant le Gouvernement à lever l’impôt, payer les fonctionnaires, subventionner et investir sur le modèle qui prévalait en 2024, choisi sciemment de contraindre son exécution, installant l’inquiétude chez nos concitoyens. Il a, pour trouver une majorité, su trouver des compromis avec le groupe socialiste ; une fois qu’il avait trouvé cet accord, il a décidé, sciemment, d’utiliser pas moins de quatre 49.3 pour clore les discussions. 

Malgré notre engagement dans les discussions, le Premier Ministre n’a fait aucun compromis dans notre sens, par choix politique et parce qu’il n’en n’avait pas besoin, car l’adoption du budget lui était acquise. S’il en a éminemment le droit, cela ne nous oblige pas, en tant que parlementaires écologistes, à en valider ni le fond ; pour lequel aucun de nos amendements pourtant adoptés n’aura été retenu, ni la méthode. Je ne peux pour ma part assumer de soutenir un budget qui aura de si lourdes conséquences sur les Drômoises et les Drômois, qui répètent les mêmes erreurs budgétaires qui ont mené à la situation que nous vivons, et sur lequel je n’aurai pu ni amender, ni voter à aucun moment. 

Ce gouvernement applique à la lettre le même cadre politique et budgétaire pourtant rejeté par les Françaises et les Français à de multiples reprises : des coupes brutales dans les services publics, le renoncement aux politiques environnementales et le recul des droits sociaux. Moins de recettes fiscales de l’État, une marche arrière inédite sur la transition écologique : -1,4 Milliards d’euros sur le Fonds Vert, – 2 milliards pour la rénovation thermique des logements, – 166 millions pour les politiques de l’eau ou de préservation de la biodiversité, des coupes budgétaires inédites sur l’ADEME, l’agence Bio, sur les politiques climatiques et d’adaptation

Ces coupes vont avoir des impacts majeurs pour nos concitoyens, pour les entrepreneurs, pour les classes rurales, les gendarmes, les agriculteurs, les sapeurs-pompiers, les élus locaux, les associations, la jeunesse. Et pire encore : ces coupes et ce budget ne tient toujours pas la bonne trajectoire de réduction de la dette. Tout cela s’empirera donc, d’ici quelques mois. 

La politique, c’est fait pour donner aux gens des raisons de vivre” disait le Premier Ministre il y a quelques temps. Cette motion de censure sera ineffective : elle n’aura aucune conséquence. La succession tacticienne de ces passages en force et de ces censures n’apporte rien à notre pays : elle fragilise notre démocratie, et notre croyance au parlementarisme. Je la vote cependant, après de nombreux doutes, parce que je ne peux assumer cette accoutumance au pire dans laquelle nous sommes, cette habitude qui s’installe que de devoir accepter parce qu’il le faut des politiques et des budgets sans débat et sans vote de l’assemblée, parce que ce budget est mauvais, parce que je crois que tout cela est éminemment dangereux pour notre état de droit et notre capacité au dialogue. 

Alors que tout devient trouble, je me battrai, avec tout mon coeur, à bâtir un horizon désirable, je continuerai à mettre toute mon énergie à construire des compromis et du dialogue, je me battrai sans relâche à renforcer le Nouveau Front Populaire et le Front Républicain et toutes les valeurs et les principes que ces unions sous-tendent, à construire le rassemblement autour d’une alternative politique de  solidarité, d’humanité, d’écologie, une alternative Républicaine et au service de l’intérêt général. Parce que c’est là le mandat qui m’a été donné. Parce qu’au-delà de ça, il en est de notre responsabilité collective.

Marie Pochon

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