Mon discours à la Fête de l’écologie de la Drôme

Bonjour à toutes et à tous,

C’est une vraie joie d’être ici aujourd’hui, à Vaunaveys-la-Rochette, pour célébrer l’écologie. Je dis bien célébrer. Malgré l’été qui sonne désormais comme la saison des feux de forêts, malgré les 30°C enregistrés avant hier, le 13 novembre, dans l’hexagone. Malgré les populations de vertébrés qui ont chuté de 70% en 50 ans; ou les pollinisateurs qui pourraient avoir disparu d’ici la fin de ce siècle, entraînant des catastrophes agricoles insurmontables. 

Malgré les dénis démocratiques continus, du référendum de 2005 au Grand débat National, de la convention citoyenne pour le climat à la réforme des retraites. Malgré la montée des nationalismes et l’internationale fasciste qui se déploie, malgré la guerre par drones, malgré les fake news, l’IA qui ronge notre intelligence collective et nos capacités énergétiques, malgré le génocide. 

Malgré, enfin, un nombre de personnes pauvres dans notre pays qui n’a jamais été aussi grand depuis qu’on le calcule, le grand charivari de la grande bourgeoisie qui s’offusque qu’on puisse demander le strict minimum de la participation aux efforts budgétaires des plus fortunés sur toutes les chaînes TV, l’épidémie de cancers qui ont augmenté de plus de 80% chez les – de 50 ans en 3 décennies, les travailleurs pauvres, les gens qui ne trouvent plus où se loger, l’indignité qu’on érige en normalité dans ce monde du chacun-pour-soi.

Malgré tout cela, ouf, nous voilà là pour célébrer. Car oui, l’écologie, malgré tout ce qu’on en dit, est loin d’être “punitive” ou triste : l’écologie est une fête. Elle est bienveillante, elle est généreuse, elle part du principe simple qu’accorder et faire respecter des droits à d’autres ne nous en enlève pas. Elle célèbre l’état de droit qui protège les libertés fondamentales, et qui est la protection de ceux qui n’en n’ont aucune autre. Elle célèbre la justice, qui épaule les vulnérables face aux intérêts des puissants; qui assure la dignité de toutes et tous, aujourd’hui, et demain; et l’émancipation de chacun face aux assignations. 

Et elle célèbre ses militantes et militants, chevronné-es, malgré tous les backlash et les jolis termes dont beaucoup, jusqu’aux ministres d’état, nous affublent. Khmer-verts, verts-bruns, escrolos, écolo-bobos, écoterroristes : quand en plus on vient de la campagne et qu’on est un plouc, un péquenaud et un bouseux, ça en fait beaucoup, des étiquettes. Mais ici, je voulais vous remercier pour votre présence, vous remercier, que vous soyez adhérent ou tout simplement intéressé à ces enjeux, pour les convictions que vous avez, l’action que vous menez au quotidien. Et puis remercier celles et ceux qui ont organisé cette fête, les Ecologistes de la Drôme et surtout Serge, qu’on peut, je crois applaudir, pour ce bel exploit. 

Je voulais profiter de cette occasion pour vous parler de ce qui se joue à Paris en ce moment. Car si oui, l’écologie est une fête, on lui fait la fête tous les jours ces derniers mois. 

Hier je rencontrais un chef d’entreprise dans le BTP, qui me disait son inquiétude sur la suite des festivités, donc, et qui pointait du doigt l’instabilité. L’instabilité, elle est réelle, et je ne sais si je pourrai m’adresser à vous en tant que députée dans quelques semaines ; mais je voudrais rappeler qu’elle est le fait d’un homme dans son palais que ça ennuie moins que de passer la main à d’autres que lui. 

Et puis, je lui ai expliqué, à ce Monsieur, que le vrai sujet du BTP, c’étaient peut être les aides à la rénovation qui s’arrêtent, les DPE qui vont sans nul doute sauter dans les mois qui viennent, Ma prime Renov suspendue, puis reprise, mais avec un demi milliard de crédits en moins; l’injonction faite aux communes de se serrer la ceinture, aux particuliers d’installer des clim et de compter sur le tout-nucléaire pour mieux vivre les canicules, tant pis si on y aura déboursé plusieurs milliards et que les réacteurs n’auront plus d’eau pour refroidir les combustibles. En tout et pour tout, on parle de 43 reculs environnementaux depuis le 1er janvier : moratoire sur les énergies renouvelables, menaces sur l’agence bio, l’OFB ou l’ADEME, soutien à l’A69 au mépris de l’état de droit, fragilisation du ZAN et des ZFE, et puis la Loi Duplomb… 

Je lui ai expliqué, à ce Monsieur, que nous, écologistes, porterions un plan d’investissement massif et dans la rénovation thermique des logements, et dans la souveraineté énergétique, mais la souveraineté pour de vrai, qui ne se repose pas sur du gaz russe, du pétrole saoudien et sur de l’uranium kazakh, et qui ne sera pas en péril avec + 2°C de réchauffement climatique. Ce que nous proposons, face à tous ceux qui prônent la stabilité et la responsabilité et font tout le contraire, c’est justement d’avoir la main sur notre destin, par la planification et l’autonomie. 

Voilà ce qu’est être écologiste. Et c’est ce que j’ai l’honneur de porter en votre nom, en cohérence, en responsabilité, chaque jour depuis mon élection. Je sais que c’est ce que vous faites aussi, pour beaucoup, dans votre travail, votre mode de vie, votre militantisme, votre mandat local. Chacun, à notre échelle, malgré toutes les difficultés du monde, pavons le chemin. Et ici dans notre Drôme chérie, d’autres l’ont fait avant nous, et aujourd’hui des milliers et des milliers de personnes agissent au quotidien pour qu’une alternative soit possible au monde bien terne que d’autres nous promettent. A ce Monsieur, comme à vous, je pourrais rajouter que l’instabilité que nous vivons résulte d’un choix politique, et donc que d’autres choix sont possibles. Vous les connaissez, vous les expérimentez partout. 

Et c’est ce que je défends à l’Assemblée, où j’ai obtenu ces dernières semaines des crédits complémentaires sur la rénovation des gendarmeries rurales, la poursuite des Territoires Zéro Chômeur de longue durée, la commande de rames supplémentaires pour le train de nuit. Et avant hier, en séance, la pérennisation du crédit d’impôt pour les agriculteurs bio. Alors, tout cela peut paraître un peu anecdotique, et puis tout ça est incertain. Pour autant, comme nombre d’entre vous le faites si bien dans la Drôme, “on n’a pas peur, on crante”. 

A chaque amendement qui passe, à chaque régularisation d’une personne qui mérite tant de l’être, à chaque acte de résistance face à des projets imposés, à chaque action en justice pour nos droits, à chaque installation paysanne, à chaque rassemblement associatif, chaque action pour protéger le vivant, chaque distribution alimentaire, à chaque main tendue. On n’a pas peur, on crante. Pour demain, les plus grandes victoires. 

Et je voulais terminer là dessus. Bien sûr, il y aura 2027. Mais avant cela, je voulais toutes et tous, et j’espère que la table ronde qui suit y donnera du coffre supplémentaire, vous dire qu’à l’occasion des prochaines municipales, dans chaque commune, il faudra là aussi ne pas avoir peur, et cranter. Et que je serai bien évidemment là pour vous y aider, ainsi que toute la famille de l’écologie politique, dans chacune de vos communes, qu’elles soient grandes ou petites. Que ce soit la première fois que vous vous lanciez, que vous n’ayiez aucune expérience, que vous êtes le ou la seule à porter ces convictions écologistes au village, que vous vous inquiétiez du rythme ou de ne pas savoir gérer : mon message est assez simple : vous n’êtes pas seul-e, car vous êtes écologistes. On n’a pas peur, on est ensemble, et on crante. 

Hannah Arendt disait : « La peur est l’un des instruments les plus puissants pour détruire la liberté. » Ne laissons pas la peur étouffer notre engagement. Continuons, chacun à notre place, à vivre nos valeurs, à les défendre et à les célébrer.

Que vive l’écologie 

Que vive toutes les fêtes à venir

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