MON DISCOURS DE VOEUX 2025

Mesdames et messieurs les représentants de l’Etat

Mesdames et messieurs les conseillers régionaux, 

Mesdames et messieurs les conseillers départementaux, 

Mesdames et messieurs les Maires, 

Mesdames et messieurs les pompiers et gendarmes

Mesdames et messieurs les responsables associatifs, 

Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités

Chères drômoises, chers drômois,

Je suis si honorée de vous voir toutes et tous devant moi ce soir, si honorée que moi, petite fille de la Drôme, puisse avoir cette immense joie et cette immense fierté de partager avec vous mes voeux les plus chers, pour vous, pour nous, pour la Drôme, pour notre pays, pour le monde. Ce sont là mes premiers voeux : c’est un honneur des les faire à Bourdeaux, j’essaierai de ne pas être longue, ne vous inquiétez pas, nous aurons du temps juste après pour échanger autour d’un modeste pot, qui est quand même l’intérêt premier de ces mêmes vœux.

Mais j’avais quelques choses à vous dire avant.

“Si votre maison brûlait, qu’emporteriez vous ? 

–       J’emporterais le feu” répondait Cocteau.

Cette réponse, c’est comme une invitation à regarder les cendres avec espoir, car elles contiennent toujours la promesse d’un renouveau. Le renouveau, nous y sommes, là, maintenant, mais je voulais revenir une minute sur cette maison qui brûle.

Car oui, je suis obligée d’en parler, alors que se clôt cette succession de crises que fut l’année 2024. J’ai beaucoup hésité à en parler, me demandant s’il fallait que je fasse des vœux politiques ou non. Je vous avoue avoir tranché, avoir assumé : je ne peux pas juste dire « allez, c’est super bonne année », la vie sans politique, sans la grande politique, elle n’a que peu de sens – et je crois que l’année que nous avons vécu est sans nul doute celle d’un bouleversement politique vertigineux, où l’on sent au plus profond d’entre nous la colère, la tristesse, l’impuissance, le désespoir, tous ces sentiments mêlés parfois, qui disent beaucoup de la crise de régime que nous vivons.

Tandis que les faits sont remplacés, tout doucement, par des réalités alternatives ; tandis que les discours de tant se vident d’idées concrètes pour changer la vie des gens pour nourrir à la place la plus vile xénophobie, la peur et la haine de l’autre. Tandis que l’espoir de paix, ici comme ailleurs, s’éloigne ; tandis que les démocraties, nos états de droit, se voient fragilisés par la concentration des médias au sein de quelques mains, par les divisions et les haines entretenues par quelques uns, par le dévoiement de la grandeur de la politique celle qui se fait au nom du commun et de la considération de chacun, pour les intérêts de quelques uns.

Les cendres.

Il nous est tous arrivé quelque chose l’an passé : ce soir d’été du 9 juin, où le Président de la République a décidé, d’une manière verticale et solitaire, dans une crise politique sans pareil, de dissoudre la représentation nationale.

Et voilà comment j’ai commencé, l’année passée, mon 2e mandat de députée, à seulement 34 ans !

Chers drômoises, chers drômois, chers amis, je ne vous cache pas la difficulté que je rencontre depuis le début de ce nouveau mandat, à vous représenter au mieux. A faire de mon mieux pour être à la hauteur. La tâche est immense et je mesure les attentes que vous avez envers moi. Je ne vous cache pas que je me réveille la nuit parfois, que dans cette incertitude, je doute tellement. Je vous le partage, car je crois, que douter, se remettre en question, parfois, c’est bien. Et que de cette faculté, nous aurons tant besoin dans les temps à venir.

Comment ne pas douter face à cette assemblée fracturée, sans nul doute à l’image du pays ? Comment ne pas douter dans ces longs mois d’été qui ont paru une éternité ? Nous savions que cette dissolution nous emmenait dans des temps troublés, dans un nouveau contexte où il nous faudrait réinventer. Nous réinventer. Réinventer nos façons de travailler ensemble. Réapprendre à partager : ce que nous avons en partage, c’est à dire ce qui nous lie, ces liens qui nous rapprochent, que nous les ayons choisis ou pas, et qui nous invitent à trouver des manières de vivre ensemble. Mais aussi ce que nous choisissons d’échanger, de donner et acceptons de recevoir. Le partage donc : une valeur que nous connaissons bien ici. Et sans doute la meilleure manière d’avancer ensemble, malgré tout.

Faire preuve de responsabilité, dans les temps de crises, c’est trouver d’autres manières de partager. Partager les richesses pour être solidaires de celles et ceux qui en ont le plus besoin. Mais aussi pour soutenir celles et ceux d’entre vous qui faites don de votre temps, de vos compétences, de votre énergie et qui, par votre travail, faites vivre notre territoire. Trouver ces moyens, c’est en effet vous soutenir. Renoncer à le faire, c’est refuser de reconnaître la valeur de votre travail et de votre engagement.

Ce que j’ai obtenu, ce que nous avons obtenu, nous l’avons fait par le débat démocratique, à l’Assemblée. Mon amendement sur le soutien à l’agriculture biologique, par exemple, a été adopté en commission, et en séance, par des élus de gauche, écologistes, mais également de Renaissance, d’Horizons, du Modem et de la Droite Républicaine, à la majorité des voix. Malheureusement c’est par le 49.3 que le gouvernement a mis fin à ce travail parlementaire concerté.

Vous le savez, depuis deux ans, ma démarche est celle du dialogue, et du compromis : quelques heures avant le vote de la motion de censure en décembre, j’étais présente pour soutenir par exemple le Label Rouge, avec des collègues de la droite, des socialistes et du centre – c’est tout simplement mon quotidien à l’Assemblée. C’est de cette façon que nous avons travaillé à une proposition de loi de lutte contre les déserts médicaux sur laquelle je me suis tant engagée, et qui je l’espère sera adoptée en 2025. Je ferai tout mon possible pour que ce soit le cas. C’est dans cet esprit également que je conduis la mission d’information pour la défense du pastoralisme qui se poursuit en 2025. Avec des parlementaires de tous les bords républicains, nous avons aussi travaillé pendant plusieurs mois sur la transition vers un élevage durable.

Faire preuve de responsabilité, c’est trouver des moyens de sortir des postures, de converger, de dialoguer. Et c’est d’ailleurs de cette manière que le Nouveau Front Populaire a travaillé, avec un principe clef, gage de compromis, de stabilité, de responsabilité : s’interdire l’utilisation du 49.3. Je le répète ici, mais c’est cette condition que les premiers ministres successifs refusent, obstinément : et oui, cela est un sujet. Et c’est à cette condition que nous prétendons vouloir être au gouvernement. Ce point là est essentiel dans la compréhension de la période que nous vivons : l’obligation de la non-censure du Parlement, c’est aussi l’obligation de tout faire pour faire se dégager des majorités, d’assurer le dialogue et le compromis, d’assurer que chacun soit écouté.

Cette volonté de dialogue, de considération, elle n’est pas nouvelle. Elle se niche dans les doléances du Grand Débat National. Loin d’être seulement de jolis mots dans les discours des Premiers Ministres, ces doléances sont le fruit de la plus grande consultation en expression libre de l’histoire de la République française dans lesquelles on trouve des centaines de milliers d’histoires de vie, de galères, d’espoirs et de propositions. Ce trésor démocratique nous pouvons et nous devons l’utiliser pour fixer le cap de l’action publique et faire de la politique d’une autre manière : pour et avec les gens, et pas contre eux.

Alors, j’ai été ré-élue l’an passé avec les voix de celles et ceux qui croient au programme que je défends, mais également celles du Front Républicain. Celles de ces milliers de Drômoises et de Drômois qui ont, je le sais, au second tour, parfois sans bon cœur mais avec leur intime conviction, dû laisser de côté certaines de leurs idées, pour éviter que l’extrême droite gouverne notre si beau pays, parce qu’ils pensaient, à raison, que nous avions, en tant que Nation, une chose bien plus grande en partage, la République. Je sais que votre choix m’oblige. Voilà le mandat que vous m’avez donné.

Oui, il nous faut avoir une gestion budgétaire rigoureuse et faire face à la responsabilité qui est la nôtre de réduire cette dette. Mais cela ne peut pas se faire à n’importe quel prix. Cela ne peut pas se faire au détriment des collectivités, de l’accès aux soins, du service public en milieu rural qui joue un rôle si essentiel, et notamment dans nos villages les plus reculés. Cela ne peut pas se faire au dépend des Drômoises et des Drômois, qui auraient tant souffert de ce budget injuste et qui nous aurait coûté si cher sur le moyen et long terme. Cela ne peut pas se faire au mépris de ce Front Républicain qui a mobilisé les trois quarts des électeurs et électrices, en juillet dernier.

Voilà les raisons qui m’ont fait, il y a un mois, voter la censure. On nous a alors appelé les artisans du chaos, les “oppositions irresponsables”. Peut-être que certains ici l’ont pensé également. J’ai espéré un temps un changement de cap : celui qui avait été demandé par les électeurs, un 7 juillet.

Puis 1h30 de discours, sur lesquels on aura une concession de 158 mots sur l’écologie; pendant qu’il en sortait des milliers sur l’immigration. La continuité, l’austérité, la peur qui s’érige en politique publique, peu importe qu’elle ne repose sur rien : la politique est effacée, on y préfère la polémique, la démagogie et le populisme. Malgré tout ce que nos aînés avaient bien pu bâtir après les plus grands drames de notre histoire, nous semblons entrer dans l’ère du chacun pour soi et de la règle de droit arbitraire selon que l’on soit puissant ou vulnérable. L’Agence Bio, elle, est déjà tombée. L’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, ce sera la semaine prochaine; l’indépendance de l’ANSES, au printemps.

Moins 7 milliards sur les crédits de l’écologie. On peut bien regarder avec horreur, l’année même où notre planète dépasse les 1,5°C, l’annonce par Donald Trump à son investiture de sortir de l’accord de Paris.

Chers amis, le budget tel qu’il est en train d’être préparé est une sortie de l’accord de Paris. 

La promesse d’un renouveau, qui naîtrait de toutes ces cendres, j’y viens. C’est cela, le but d’une nouvelle année. Comme un nouveau départ, de cendres qui forment un sacré terreau, aussi.

Cette année, j’ai eu l’honneur de vous défendre à l’Assemblée Nationale en faisant adopter deux propositions de loi. Pour le réemploi des véhicules pour les plus vulnérables et faire vivre le droit à la mobilité notamment dans nos territoires ruraux; pour garantir des prix rémunérateurs pour les agriculteurs. Nous avons eu l’honneur, de faire entrer le droit à l’avortement dans la constitution.

Cette année, j’ai parcouru 30 000 km sur nos routes montagneuses, sinueuses, parfois enneigées mais surtout si belles. J’ai tenu, en 12 mois dont un d’une campagne éreintante, 22 permanences parlementaires, de Rémuzat, à Buis les Baronnies, à Saint Paul 3 Châteaux, en passant par la Chapelle en Vercors, Die, Montmeyran, Saint Jean en Royans, Dieulefit ou Crest, au plus proche de vous. A votre écoute, à vos côtés, pour vous accompagner dans vos engagements, et face aux difficultés sur le chemin : en 2024, j’ai fait plus de 400 déplacements à la rencontre des associations, des élus, des entreprises qui font la fierté de notre territoire.

Toute cette année, j’ai vu votre remarquable combativité, vos convictions et vos valeurs intactes, votre engagement sans faille, dans cette passation de commandement à la caserne de Saint Nazaire le Désert,  à la rentrée des classes de Saint Ferréol Trente Pas; là chez les agents de l’agence France Services de Séderon, le personnel de la station du Col du Rousset, les responsables associatifs de Saint Paul Trois Châteaux, les gendarmes de Lus la Croix Haute, les éleveurs de la Gervanne, les tenanciers de campings du Diois, les médecins chabeuillois, là, pour nos aînés à Rémuzat et les enfants de Chantemerle-lès-Grignan.

L’année a été parfois difficile pour nombre d’entre vous. Ici, élus et habitants du pays de Dieulefit, ont été jusqu’à la grève de la faim pour soutenir un projet local territoire zéro chômeurs, co-construit depuis 2 ans. Là, la fièvre catarrhale ovine a décimé tant de cheptels cet été rajoutant une pression supplémentaire sur les épaules des éleveurs, notamment pastoraux, qui font la fierté et la richesse de nos territoires ruraux.

Pourtant, je n’ai été témoin que du travail remarquable des associations qui œuvrent pour le handicap, pour l’inclusion, contre la précarité, pour l’accès à l’alimentation, pour le lien social. Je n’ai été témoin que de la volonté d’élus de terrain, que de faire de leur mieux pour l’intérêt général. J’ai été témoin de la grandeur, de la force, de la solidarité, du partage. Ici, sur le terrain, vous bâtissez les solidarités pour les plus vulnérables d’entre-nous, vous protégez l’environnement, vous entreprenez et renforcez une économie qui a du sens et qui nourrit le territoire, vous tissez des liens au moment où tant veulent nous diviser.

J’ai été témoin de votre force, et de votre résilience.

Quand nous avons posé la première pierre du nouveau bâtiment de la Maison d’Accueil Spécialisée de Fontlaure ; quand vous faites vivre les services publics de proximité essentiels pour nos villages comme à Saint-Nazaire-le-Désert ; quand vous œuvrez pour le bien vieillir ; quand vous vous faites de notre artisanat local une fierté nationale, comme à la fonderie d’Art Barthélémy Art à Crest qui a fabriqué le mobilier liturgique de la rénovation de Notre-Dame-de-Paris.  Quand élus et citoyens portent des projets communaux ambitieux, comme le nouveau restaurant scolaire de Montvendre. Quand vous vous battez pour l’accès aux soins, à Montoison, à Châtillon en Diois ; quand vous faites vivre la solidarité, à Die, la Chapelle ou Saint-Paul, grâce à l’engagement de bénévoles qui ont notamment récolté 157 tonnes de dons pour les Restos du Coeur en Drôme-Ardèche. Quand vous innovez pour les mobilités dans nos territoires ruraux, et je félicite notamment Dromolib qui a fêté ses 10 ans en 2024. Quand vous soutenez fièrement nos agriculteurs, et la singularité de l’agriculture drômoise ; Quand nous avons manifesté dans les rues de la Drôme pour redire notre attachement à un accueil digne et inconditionnel lors du vote de la loi asile-immigration. Quand vous défendez avec brio nos merveilleux produits du terroir comme la truffe, la clairette, le picodon, l’olive des Baronnies et le tilleul… !

Cette dernière année, comme tout au long de notre histoire – et nous nous en sommes souvenus, cette année, avec les 80 ans de la Libération, de cette histoire –  nous drômois, avons montré que nous savons toujours être à la hauteur face à ces immenses défis. Nous avons montré notre unité, notre attachement aux valeurs Républicaines de liberté, d’égalité, de fraternité; notre résilience collective, notre vision pour ces pays que nous habitons.

Nous pouvons en être fiers. J’en suis si fière !

C’est un immense honneur, renouvelé lors des dernières élections, que de vous représenter : vous me savez sur tous les fronts, pour vous et avec vous.

Le temps a ceci de magique qu’il sait accélérer très vite jusqu’à ce qu’il semble qu’on en perde le contrôle, autant qu’il sait se suspendre un instant, le temps de regarder en arrière, de repartir d’un autre pied, pour essayer autre chose. C’est peut-être cet instant là, qu’il nous faut, collectivement, saisir.

“Il nous faut arracher la joie aux jours qui filent” écrivait Vladimir Maïakovski.

Merci infiniment pour ces si jolies années que vous faites passer à ma vie, pour chacune de vos actions qui font de notre Drôme une terre si accueillante, généreuse et belle. J’en suis convaincue : en 2025, nous pourrons, ensemble, bâtir des solutions infinies, fondées sur la plus grande des humanités, la paix, la démocratie, la préservation de ce qui est essentiel. C’est d’ailleurs seulement de cette manière que nous pourrons voir ce mur de crises qui ne cesse de grandir s’atténuer peu à peu, et laisser la place à un horizon fertile d’espoirs et de bonheur, et de jours heureux retrouvés.

Alors pour 2025, à toutes et tous, à vous, drômois d’adoption ou d’origine, je souhaite une belle et heureuse année : qu’elle soit pour vous faite de rêves qui se réalisent, de beaucoup d’amour et de bonheur, de réussite dans vos engagements personnels ou collectifs, d’une bonne santé. Du fond du cœur, je vous souhaite à vous et à vos proches, le meilleur. Je m’emploierai pour ma part à toujours être à votre écoute, à toujours être ce liant qui manque parfois, à toujours être à vos côtés.

“Si votre maison brûlait, qu’emporteriez vous ? 

      J’emporterais le feu” répondait Cocteau.

Je vous souhaite, de toutes ces cendres qui parfois semblent s’accumuler, d’emporter le feu, le feu force de vie, de combativité, de courage et de partage. Celui qui allume la lueur dans la nuit parfois bien noire, celui autour duquel on se réchauffe, en partage, en attendant l’aube d’un jour nouveau, qui ne dépendra que de nous.

Belle et heureuse année à toutes et tous.

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