Ces dernières semaines ont été intenses. Elles ont été marquées par la colère et par l’angoisse, et je ne compte pas les heures le soir où je ne pouvais trouver le sommeil. Ces longues heures, les yeux grands ouverts, où l’on sonde la possibilité du pire, l’inéluctabilité du pire, le sentiment d’impuissance qui nous étreint : je vous le décris là, comme ça, mais je sais que beaucoup d’entre vous ont sans doute passé ces mêmes nuits blanches. L’angoisse, la colère.
Et puis, au terme de ces longues heures, ces dernières semaines, il y a eu autre chose. Autre chose qui arrivait chaque matin. C’est une multitude de petits matins que j’ai vécu, que nous avons vécus, où c’était pas seulement le soleil qui se levait, mais chacune, chacun d’entre nous, et tout d’un coup, à Bourdeaux, Allex, à Buis-les-Baronnies, à Saint Jean en Royans, à Nyons, La Chapelle en Vercors, Solaure-en-Diois, à Chabeuil, à Die, Crest, Malissard, à Montmeyran, Saint Paul Trois Châteaux, à Tulette, à Aouste-sur-Sye, Séderon ou Taulignan, surgissait tout d’un coup un enthousiasme fou, des espoirs insensés. Si ces 15 dernières nuits n’ont été souvent qu’un long cauchemar, chacune de ces journées furent l’un des plus beaux moments politiques de ma vie, de ceux qui décrochent un sourire voire des larmes, dans tant d’incertitude. De ceux qui ravivent l’espoir, la convivialité et la joie, quand certains s’époumonent à les tarir autour de nous avec leurs discours de haine et de division ou leurs grenades dégoupillées.
La grenade : ça me rappelle une chanson, mais là n’est pas le sujet, c’est surtout le mot qu’a utilisé le chef de l’Etat pour provoquer une immense crise politique avec la dissolution et les législatives anticipées sous vingt jours, et potentiellement, donner les clefs du pays à l’extrême droite. Une grenade dégoupillée, c’est tout ce qu’Emmanuel Macron a trouvé judicieux de faire, alors même que vous comme moi, nous étions au travail.
J’étais au travail, à faire adopter une proposition de loi, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, pour garantir des prix planchers rémunérateurs garantis négociés par filière pour les produits agricoles, qui devait enfin permettre aux agriculteurs et agricultrices de notre pays, de vivre dignement de leur travail.
J’étais au travail, à assurer l’unanimité à Paris du soutien à notre loi permettant le réemploi des voitures aujourd’hui promises à la casse du fait de la prime à la conversion, pour qu’elles puissent être utilisées par les garages solidaires ou les personnes en situation de grande précarité dans nos campagnes. Pour qu’elles puissent, même quand le carburant est à 2 EUR le litre et qu’elles n’ont pas de sou en poche, aller chez le médecin, se rendre au travail, partager un dîner entre amis.
J’étais au travail pour m’assurer que les doléances recueillies dans chaque mairie de France soient prises en compte par celles et ceux qui nous dirigent. Pour que la colère et le désarroi qui se sont manifestés avec les Gilets Jaunes puissent déboucher sur d’autres politiques, des politiques qui écoutent, qui tiennent compte, qui rendent compte. Qui tiennent leurs promesses.
Tenir ses promesses.
La phrase est un peu galvaudée, je le sais. Il y en a tant, que vous avez entendu sur les estrades de grands meetings, ou dans des émissions politiques à la radio ou la télé, qui en ont fait plein, des grandes promesses. Qui peut être pour certains d’entre vous, ont un jour réveillé l’espoir, pour le lendemain l’éteindre.
Je sais ce que la politique peut détruire. Hier et depuis 7 ans, l’ultra libéralisme d’Emmanuel Macron et de sa majorité ont détruit tant de la République sociale, ont tant abîmé nos institutions, ont si peu protégé les plus vulnérables. A force d’en même temps, ce sont 9 millions de françaises et de français qui vivent sous le seuil de pauvreté, des plus riches toujours plus riches, une fracture de notre pays suite à la loi immigration, un dégoût des millions de personnes qui s’étaient mobilisées avec espoir sur les ronds points de France, dans leurs mairies pour faire entendre leurs doléances, qui s’étaient soulevées dans les rues de tout le pays pour le climat, ou pour des retraites dignes. Il y a quelques mois, à l’occasion de la défense d’une motion de censure que je défendais à l’Assemblée Nationale contre le Gouvernement d’Elisabeth Borne, je lui disais :
“4 ans, c’est long : mais les mains tendues à l’extrême droite, les reniements de valeurs, la verticalité de toute votre politique, l’austérité pour les petits et l’abondance pour les grands, les polémiques, des “atmosphères” djihadistes, aux “terroristes” écologistes que vous décrétez – oui, ce sont vos mots, oui, vous mélangez tout, et oui, c’est dangereux -, le mépris, le mépris, le mépris : de tout cela, nul ne sait ce qu’il en adviendra.”
Voilà, quelques mois plus tard, ce qu’il en advint. 40% pour les forces d’extrême droite au scrutin qui s’en suivit.
Nous savons ce que la politique peut détruire encore. Nous savons la casse sociale, celle des services publics, les atteintes à l’Etat de droit, l’illibéralisme, les discours en illégitimité du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’Etat, les atteintes à la liberté de la presse. Nous savons les divisions, les mensonges, la manipulation de l’opinion, la fracturation de notre communauté de destin qu’est notre Nation, les violences, les milices et ceux qui se font justice eux-mêmes. Petit à petit, ça s’installe, depuis le premier bulletin de vote qu’une soixantaine de collègues de la majorité ont glissé dans l’urne portant le nom de “Sébastien Chenu” pour les vice présidences de l’Assemblée, le terrain a été préparé, jusqu’à cette dissolution en 20 jours au moment même où l’extrême droite explosaient dans les urnes.
Là où ils sont d’accord, c’est sur les retraites, sur l’abandon écologique, sur la destruction des services publics, la protection des intérêts de certains, au détriment d’autres, au dépend de l’intérêt général. Alors ils cherchent à opposer, à diviser : pour certains c’est l’origine ou la religion, pour d’autres c’est ceux qui défendent le bien commun, l’écologie, le juste partage des richesses, que l’on appelle éco-terroristes, que l’on compare désormais aux descendants des Waffen SS. Pour que ces politiques injustes tiennent, malgré tout, il leur faut entretenir la peur, la division.
Emmanuel Macron joue, seul, à pile ou face avec notre avenir. Pile : le Rassemblement national arrive au pouvoir et remet en selle la Macronie pour 2027. Face, on continue comme avant, comme si de rien n’était.
L’irresponsabilité.
Depuis deux ans, et pas depuis 2 semaines, j’ai été sur le terrain, pour aller à votre rencontre, pour échanger avec vous, pour être à vos côtés, pour porter vos voix, défendre ce qui nous est ici essentiel.
Je dis souvent que je suis la députée de la plus belle circonscription de France. Je ne pense pas seulement à ces paysages magnifiques, qui des gorges et falaises du Vercors jusqu’aux champs de lavande du Sud de la Drôme, en passant par forêts et rivières, sont un émerveillement permanent. Je pense surtout à la créativité, au travail et aux initiatives de toutes celles et ceux qui habitent ce territoire. Je pense à notre histoire, je pense à ce qu’elle nous a légué. Je pense aux 4000 civils montés au Vercors, à la République qu’ils y ont fondé, au maquis des Baronnies, à celui de la Lance, pendant que le fascisme s’emparait de l’appareil d’Etat. Je pense au défi climatique, à l’agroécologie, à nos forêts, aux milliers de ces solidarités informelles qu’ici nous tissons, je pense à l’accueil de ceux qui fuient la guerre et la haine, au soutien aux plus vulnérables. Je pense aux acteurs et actrices de l’économie sociale et solidaire, de la culture, à ceux qui font vivre notre tissu industriel local, aux amoureux du vivant qui le protègent avec passion, à celles et ceux qui soignent, enseignent, cultivent, prennent soin. Nous faisons face à de nombreux défis, à la fracture territoriale, à des difficultés immenses – mais nous avons du cœur et de la générosité.
Je repense à ces petites tâches bariolées de rose, de vert, de rouge, sur cette grande carte couverte de marron publiée par le Monde au lendemain des élections.
L’espoir.
Car, chers amis, si je sais ce que la politique peut détruire, je sais également ce qu’elle peut construire.
La politique, c’est agir sur ce qui nous est commun, un truc qui nous prend aux tripes collectivement, sur lequel tout seul, on se sent bien impuissant, mais sur lequel ensemble, on retrouve du pouvoir d’agir, on peut tout faire basculer. Le passage de la nuit noire à l’aube du petit matin.
C’est exactement ce que nombre d’entre vous faites, au quotidien, dans chacun de vos villages, dans chacun de vos quartiers. C’est ce que nous avons fait, avec le Nouveau Front Populaire, et c’est ce que nous ferons ensemble, les 30 juin, et 7 juillet, et tous les jours qui suivront. La politique, elle sert à changer la vie des gens. Elle sert à donner du sens à ce qui fait de nous une communauté de destin, une Nation, une République.
Faire commun : Sans rien céder de nos convictions, de nos principes. Ces 2 dernières années, j’ai été l’une des seules députées de l’opposition parvenue à faire adopter deux propositions de lois, dans des démarches transpartisanes. En aucun cas c’était un reniement, mais c’était savoir où l’on pouvait travailler ensemble, pour ne pas sacrifier la défense de nos territoires ruraux en leur préférant la défense de nos petits prés carrés politiques. Alors que l’on agite sur tous les plateaux la peur d’une France ingouvernable, je crois aussi, que quand ils s’affranchissent des postures, et de leurs intérêts court-termistes, que quand on fait de la politique avec un grand P, de la vraie politique, comme certains l’ont montré en s’opposant comme les députés LIOT à la réforme des retraites ou certains élus de la majorité à la loi Asile Immigration, le camp de l’intérêt général, de la justice sociale, de la transformation écologique est plus large qu’on ne le dit.
L’heure est à l’apaisement. Un apaisement authentique, c’est-à-dire ancré dans des valeurs et des convictions solides, un apaisement du vivre ensemble, parce que c’est là la clef pour pouvoir résister aux chocs actuels et à ceux à venir.
Face à cela, notre cap est le bon. Comment pourrions nous prétendre vouloir apaiser la France si nous avions échoué à apaiser notre propre camp politique ?
Nous avons réussi, et fixons ensemble un cap clair. Un cap d’espérance, de jours heureux, de dignité et de mieux vivre.
Tandis qu’ils cassent, nous reprisons, nous réparons ce que celles et ceux qui dirigent le pays ont détruit.
Regardez cette salle, cette tribune, regardez vos voisines et vos voisins – prenez un instant pour le faire, vraiment. Je ne vois ni extrémiste, ni chèvre, ni chou de ce qu’ils disent de notre Union, je ne vois que des drômoises et des drômois soucieux de défendre notre territoire, de défendre une certaine idée de ce qu’est la République et de ce qu’elle doit accomplir.
C’est cela, le Nouveau Front Populaire. C’est un cheminement collectif, qui nous permet enfin, pour la première fois depuis que l’extrême droite semble promise à triompher, que nous pouvons, d’un seul et même bulletin de vote, faire barrage ET construire l’alternative. Bloquer la destruction de ce qui nous lie et nous rassemble ET construire un territoire, une France, où l’on vivrait mieux. C’est ça, la politique, et c’est ce qu’offre concrètement le Nouveau Front Populaire : nous redonner la capacité à peser sur nos vies et sur le monde, à déterminer collectivement notre avenir commun.
Voter pour le nouveau Front populaire, c’est écrire une nouvelle page de notre histoire politique et sociale. Et ça, aucune autre candidate, aucun autre candidat ne peut en dire autant.
“Mieux vivre”.
Mieux vivre, ce sont des mesures très concrètes et très précises. C’est le blocage des prix des biens de première nécessité dans l’alimentation, l’énergie et les carburants. C’est le plafonnement des frais bancaires ; l’augmentation des salaires (passage du SMIC à 1600 euros, hausse du point d’indice), c’est le retour de l’âge de la retraite à 60 ans. C’est la réduction du temps de travail dans les secteurs les plus durs et pénibles, et la perspective d’une sixième semaine de congés payés. C’est la gratuité de l’école et des études, pour que chacune et chacun puisse avoir la chance de choisir son métier. Mieux vivre, c’est une politique climatique ambitieuse, qui nous permette de continuer à nous déplacer, à nous nourrir, tout en protégeant nos territoires. Mieux vivre, c’est respirer un air sain, boire une eau pure, cultiver dans des sols fertiles et dans une biodiversité préservée.
Mieux vivre, c’est un plan, qui, étape par étape, dessine une France apaisée : C’est le sauvetage de l’hôpital public, ce sont les emplois aidés, pour soutenir les associations sportives & d’éducation populaire, c’est la création de places d’accueil en hébergement d’urgence, de sorte que personne ne soit plus contraint de dormir à la rue. C’est l’investissement, massif, dans l’École Républicaine et émancipatrice pour que chaque enfant de France puisse déterminer son destin.
Je pourrais continuer encore longtemps, à lister ce à quoi nous nous engageons.
On peut se dire que tout cela est lunaire, lointain, absurde, irréaliste. Je vais vous dire, quand on voit 100 000 enfants de moins de 3 ans dépendre de l’aide alimentaire, pendant qu’un tiers de l’alimentation que nous produisons est gaspillé, c’est cela que je trouve absurde. Quand un tiers des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, et qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours, c’est cela, que je trouve anormal. Quand les habitants des zones rurales ont en moyenne deux ans d’espérance de vie en moins, parce que les hôpitaux sont concentrés dans les grandes métropoles et qu’on a plus les moyens de se déplacer. Quand 5 personnes dans notre pays possèdent autant que des dizaines de millions d’autres. C’est tout cela qui est irréaliste, lunaire, absurde.
Tout ce que nous proposons est chiffré, tout cela est financé. Ce que nous proposons, c’est de répartir les richesses différemment. En dehors des ultras riches, ces personnes qui peuvent se permettre de voyager en jet privé, nous en bénéficieront toutes et tous.
Parce que nous prenons les choses au sérieux, nous prenons les gens au sérieux, et que nous prenons la politique au sérieux.
Notre programme, c’est 150 mesures. 24 pages pour les détailler, 10 pages pour expliquer comment les financer.
Renaissance, c’est 52 mesures, qui tiennent en 7 pages seulement, sans aucun chiffrage précis.
Le Rassemblement national ne propose que 8 mesures. Une page, pas un chiffre. Et, vous avez pu le constater comme moi, chaque jour ces 8 mesures changent, ils les abandonnent, puis reviennent dessus, puis les ré-abandonnent : parce qu’en vérité leur programme est simple, on l’a déjà essayé, c’est l’abandon de la liberté, de l’égalité, de la fraternité pour la devise travail (mal-payé), famille (avec mère au foyer), patrie (si Poutine est d’accord).
Nous sommes le camp de la raison, de l’espoir.
Alors, je suis devant vous, à la fin de cette courte et éprouvante campagne, avec toujours autant de cauchemars la nuit, et toujours autant d’enthousiasme à chaque aube. Et je mesure la responsabilité qui pèse sur mes petites épaules de jeune élue, je mesure l’attente et l’espoir : et je vais vous le dire, bien souvent, je m’en sens pas la force. J’ai grandi dans un petit village de la Drôme des collines, j’ai pas fait Sciences Po ou de grandes écoles. Je m’en suis toujours sentie bien incapable. Ce discours, je l’ai raturé 15 000 fois avant de vous le lire là ce soir, et voyez comme je tremble à vous le lire. Je ne suis pas experte de quoique ce soit, je me suis engagée par conviction, parce que je voyais le monde brûler et des plus grands que moi, qui parlaient bien et avaient l’air bien experts de tout pourtant, regarder ailleurs. Et je vous vois, toutes et tous, là devant moi, et je suis super émue, parce que souvent je me dis que je serai jamais à la hauteur de ces immenses défis devant nous, que je m’engage là dans une bataille, non seulement la bataille écologique, la bataille sociale, mais désormais la bataille de la République, qui est tellement, tellement vertigineuse.
Et en même temps, je suis là devant vous, et je vous vois si nombreuses et nombreux et ça donne trop de force. Je vois vos milliers de messages sur toutes ces boucles, je vois votre détermination sur les marchés, je vois les pres de 1000 personnes, partout dans nos villes et nos villages, qui n’avaient jamais distribué de tract, qui n’avait jamais mis les pieds dans un parti politique, qui étaient jamais allés a un meeting avant aujourd’hui. 1000 personnes, vous imaginez, si chacun d’entre vous parlez à ne serait ce 10 personnes chacun. Si ces 10 personnes en parlent à 10 autres : on y parvient, aux 115 000 inscrits de la circonscription ! (et on fait 100% ! (rires)) Je vois votre rage et votre colère, je vois vos infinis espoirs, et l’Etat de notre pays et du monde peuvent bien être vertigineux, ce que nous avons accompli ensemble ces 15 derniers jours, en si peu de temps, chacun à son poste, je peux vous le dire, c’est plus grand que toutes les falaises du monde, ça déplace toutes les montagnes du monde. Je suis tellement fière de ce que nous sommes, de ce que nous avons déjà accompli, de ce que nous ferons demain. Soyez le également. Je veux que vous partiez de cette salle ce soir en gardant très précieusement cette fierté, cette gratitude, celle d’avoir, chacun à son poste, contribué au bien commun.
Et avec tout ça, avec tout ce que je viens de vous dire, je me souviens alors de la suite de la chanson de la grenade “T’as jamais vu une femme qui se bat”
Il nous reste 24h.
24h pour faire naître une opportunité historique, pour dédire tout ce qu’on nous predit écrit d’avance, pour écrire le destin de notre pays. Nous sommes, au fond, chacune et chacun d’entre nous, face à nos responsabilités d’électeurs et d’électrices, de citoyens et citoyennes de cette si belle République.
Demain, rendez-vous sur les marchés, dans les rues, toquer à chaque porte de vos voisins. Ce week-end, envoyez des messages, des emails, passez des coups de fils. Dimanche, votez, faites voter pour que tout change.
Cette élection sera la plus déterminante que nous n’ayions jamais vécue. Et alors, je fais le voeu, que lundi, lorsque nous ouvrirons les yeux après une courte nuit (parce qu’on se retrouve à Saou dimanche soir!), ce soit pour l’aube d’un beau, d’un magnifique matin, et qu’il se poursuive par des milliers d’autres.
Vive Taulignan !
Vive la Drôme !
Vive la République !
Et vive le Nouveau Front Populaire !
Marie Pochon