La lutte contre les violences sexistes et sexuelles en milieu rural !

Published by Marie Pochon on

Mon discours à l’occasion des marches organisées pour la 23e journée internationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, à Sahune et Saint-Restitut :

« C’est une grande fierté que d’être parmi vous à  l’occasion de la 23ème journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. 

C’est une grande fierté d’abord parce que nous sommes ici. Dans nos territoires, on en parle peu de ces violences, souvent parce qu’on les normalise, parce qu’on en a honte, parce qu’on ne sait pas trop à qui en parler, et que si on en parlait, on aurait bien tôt fait d’avoir peur que cela se retourne contre nous – que notre agresseur soit bien vite au courant, plutot qu’en ne disant rien et en subissant en silence. 

Cela a été dit : dans nos territoires ruraux, ⅓ de la population française y vit, ¼ des appels au 3919 en provient, ½ des féminicides y ont lieu. 

Toutes les 6 minutes, une femme se fait violer ou subit une tentative de viol en France. La moitié, là où il y a si peu de commissariats pour entendre leurs plaintes, là où les distances murent les silences, là où la précarité, l’isolement, l’interconnaissance, le manque de services publics, constituent autant de doubles violences pour les femmes que nous sommes. 

Alors, être ici, si nombreuses et nombreux, à Sahune/St Restitut, c’est un symbole fort. A l’occasion de cette 23e Journée internationale de lutte, des dizaines de milliers de femmes ont défilé samedi dernier pour dénoncer le manque de volonté politique sur ce sujet. Marseille, Paris, Lyon, Nantes, Lille, Strasbourg, Bordeaux : des nuées de violet ont déferlé dans les rues, pour porter ces paroles. Alors ici aussi, dans nos villages, être ici montre notre détermination, notre combat, universel parce que c’est celui de l’égalité, de la sécurité et de l’émancipation de chacune face au patriarcat et à la culture du viol, mais singulier de ce que nos territoires et les politiques publiques – ou leur manque – qui les sous-tend aggravent pour nos vies. 

C’est une grande fierté, ensuite, parce que nous sommes ensemble. Cette manifestation, elle dit, à toutes les femmes qui subissent des violences, des aggressions : “on vous croit. vous n’êtes pas seules”. 

“On vous croit”

“Vous n’êtes pas seules”

Et alors, face à l’immensité de la montagne qui se dresse face à l’une d’entre nous quand on s’est pris une gifle, des coups, des violences psychologiques, des insultes, des brimades; quand on subit une aggression sexuelle ou un viol, souvent, bien trop souvent, et en grande majorité même, au sein même de notre foyer, de la part d’un proche, d’un ami ou d’un membre de la famille ! Alors, on a face à nous une main tendue, bienveillante, une épaule sur laquelle s’appuyer pour avancer dans la vie, se reconstruire, s’émanciper pour redevenir maître de son destin. 

Ensemble, par notre présence ici, je crois que nous sauvons des vies. Nous disons que nous ne voulons pas être courageuses, nous voulons être libres. 

On nous a parlé de “grande cause du quinquennat” en 2019, qui s’est transformée en cause de la décennie, voire du siècle pourquoi pas, avant de se transformer en “cause toujours”. 

94000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année. 

⅓ des femmes sont victimes de harcèlement sexuel au travail 

16% des francaises et des français ont subi une maltraitance sexuelle dans leur enfance. 

Alors, nous demandons des moyens. 0,1% du PIB, pour lutter contre les violences. Pour former les gendarmes et policiers, pour accompagner les associations qui font un formidable travail de terrain, pour financer des modules éducatifs à l’école jusqu’à l’enseignement supérieur pour que les violences cessent. 0,1% du PIB, c’est 2 milliards d’euros, quand le gouvernement qui a nommé Gérald Darmanin ministre de l’intérieur, donc de notre sécurité à toutes; ce gouvernement propose 57 millions. 

Nous disons que les mots ont un sens. Le président qui encourageait jusqu’alors la libération de la parole fait aujourd’hui marche arrière en invoquant une “société de l’inquisition” et en invitant les femmes à s’en remettre à la justice. Mais quelle justice : à effectif égal, à budget quasi-constant, la justice est bien en incapacité d’accueillir et de se rendre, face à la multiplication des plaintes liées à cette parole enfin libérée. 80 % des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite, seuls 0,6% des viols condamnés. 

On ne nait pas femme, mais on en meurt. 

Tout comme pour nombre d’entre nous, on ne naît pas libre, on le devient. Et c’est ce que nous faisons ici. Nous devenons libres. 

En cela, nous marchons dans les pas de celles qui nous ont précédé. 

De celles qui ont lutté pour l’obtention du droit de vote entre les deux guerres, malgré les interdictions de manifester, en bloquant la circulation des voitures, en organisant des lâchers de ballons lestés de tracts. De celles qui sont descendues par milliers dans les rues pour défendre le droit à l’avortement au début des années 70. De ces 100 000 personnes défilant à Paris en octobre 1988 pour défendre la profession d’infirmière.  

Nous sommes de cette histoire qui s’écrit, pour nos mères, pour nos soeurs, pour nos filles, pour les femmes du monde. 

Nous sommes de celles et ceux qui nous organisons sur nos territoires, dans nos fermes, dans nos villages, qui refusons de subir et préférons nous unir face aux violences et aux inégalités : inégalités face à l’emploi, aux mobilités, à l’accès aux études supérieures, aux activités sportives, à la pauvreté…  Nous aspirons à l’égalité et à l’émancipation et ensemble nous y arriverons! 

Car oui, nous sommes de celles et ceux qui ont voté l’inscription de l’IVG dans la constitution ce jeudi, à l’Assemblée Nationale. Nous sommes de celles et ceux qui verront bientôt, la liberté de disposer de notre corps inscrite dans notre droit fondamental. 

Cela vaut le coup de ne rien lâcher. 


Tribune et café-débat contre les violences faites aux femmes en ruralité !

A l’occasion de la journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, avec Marie-Pierre Monier, nous avons publié également publié une tribune dans Le Monde pour alerter sur les féminicides dans les territoires ruraux 👭

Précarité, isolement, interconnaissance, manque de services publics, constituent autant de violences pour les femmes en ruralité. Alors que seulement 1/4 des appels au 3919 proviennent de nos territoires, la moitié des féminicides y ont lieu 😥

Alors nous demandons des moyens adaptés : formations auprès des pompiers, gendarmes, police, et élu-es de terrain, moyens pour les associations pour parcourir de telles distances, modules obligatoires dans l’éducation nationale, lutte contre la désertification médicale et notamment gynécologique. La semaine dernière, nous obtenions l’expérimentation de brigades de gendarmes et de police itinérantes pour mieux recueillir la parole des femmes dans la LOPMI : nous continuons à porter cette bataille ! 

Dans nos assemblées comme dans nos campagnes, en soutien à toutes les femmes, toutes les associations, nous lutterons unies. Pour nos droits. Pour être libres. 

Le 22 novembre, j’organisais aussi mon premier Café-débat à Paris au Pavillon des Canaux pour mettre au cœur de la place parisienne les droits des femmes en ruralité ! Un grand merci aux associations drômoises qui ont fait le déplacement pour présenter leur réalité aux nombreuses personnes présentes : Remaid branche de France Victimes, Femmes Répit 26, réseau Femmes à l’abri 26, le CIDFF et le planning familial 👏 et merci à Marie-Pierre Monier pour le travail effectué en tant que co-rapporteure du rapport du sénat « Droits des femmes en ruralités : en finir avec les zones blanches de l’égalité ». Le combat pour l’égalité et l’émancipation continue !


Lancement du Parlement rural : ma question sur les droits des femmes en ruralité

Le 25 novembre, je participais à ma première séance du Parlement Rural : l’occasion, aux côtés d’associations, de collectifs, d’élu-es et de représentant-es d’entreprises, d’interroger le Ministre de la Transition Écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, et la Secrétaire d’Etat chargée de la ruralité, Dominique Faure sur les problématiques que nous vivons dans les territoires ruraux : désertification médicale, absence de services publics, manque d’alternatives à la voiture individuelle, soutien aux associations locales et aux bistrots de villages.

Pour ma part, j’interrogeais les ministres sur les politiques qu’ils mettraient en œuvre pour lutter contre les violences faites aux femmes, à l’occasion de la 23e journée de lutte contre les violences faites aux femmes !


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