Monsieur le Premier Ministre,
Sur le fond, rien n’a changé.
Sur le fond, rien n’a changé. Ce qui nous a été présenté ce mardi n’était qu’une continuité des politiques menées depuis 7 ans par Emmanuel Macron, et la nomination, la composition de son gouvernement comme ses orientations politiques contreviennent à la volonté exprimée par les français de changer de cap et de rompre avec les politiques menées jusqu’à présent ; mais également à leur demande de compromis.
Le gouvernement, malgré d’âpres négociations auxquelles les écologistes ont participé ces dernière semaines, n’en fait quasi aucun : sur nos demandes sur l’écologie, sans doute le plus grand défi de l’histoire de l’humanité, sur la justice fiscale et la nécessité de voir chacun contribuer à la crise budgétaire, à sa juste part, sur la préservation des moyens des collectivités, des hôpitaux, de notre Ecole. Ses réponses n’engagent aucun changement de cap, mais ne sont que des reculs différés à plus tard. Plus : la plupart des membres du gouvernement enchaînent depuis leur nominations les provocations visant à s’attribuer la clémence de l’extrême droite.
Il est incompréhensible, à l’heure où les conséquences du réchauffement climatique se font durement sentir, qu’un département français fait les frais à cette ampleur des conséquences du changement climatique où les zoonoses explosent dans le monde agricole, que la question écologique soit totalement absente du discours de politique générale et qu’elle soit la grande perdante des arbitrages budgétaires.
Oui, derrière les oublis, les maladresses et les hésitations, se dessine une stratégie, celle pour Emmanuel Macron et ses soutiens de se maintenir au pouvoir grâce au flou et l’inaction, promettant un peu à certains mains ne s’engageant sur rien, alimentant la grande confusion dont se nourrit l’extrême droite et condamnant la France à l’immobilisme et donc à une lente décadence.
Evidemment, la France a besoin d’un budget et elle a besoin de stabilité. Mais pour cela il aurait fallu que le gouvernement, d’autant plus devant cette assemblée morcelée, se soumettre au vote de confiance. Compte tenu du paysage politique actuel, il n’y a pas d’autre mécanisme qui puisse garantir la stabilité dans un régime parlementaire.
Toutes ces raisons sont suffisantes à la censure de ce gouvernement. Ce jour, avec la grande majorité de mon groupe, qui a participé à l’ensemble des négociations avec sincérité et espoir, je voterai donc, avec regret, la censure. Celle-ci sera ineffective, ne rassemblant pas assez de députés pour être adoptée.
Elle n’est donc en aucun cas une fin : elle doit être le début d’une négociation sincère, et porteuse de changements pour nos compatriotes, et notamment les plus vulnérables. Elle ne doit pas être vaine : elle doit amener le gouvernement, résolument, à combler le gouffre béant entre la réalité de la vie concrète des gens et ces arrangements tièdes et sans cap portés par l’exécutif.
Oui, le conférence sociale sur les retraites, les discussions au sujet d’une taxe sur l’optimisation des hauts patrimoines, la fin du déremboursement des médicaments, le maintien (dont on ne sait les contours) de 4000 postes d’enseignants, c’est maigre, mais « c’est mieux que rien », entends-je. Ce ne sont pas des avancées : ce sont des pauses, pour un temps, dans des dynamiques délétères qui nous emmènent, d’un point de vue budgétaire, social, écologique et démocratique, dans le mur.
Mon opposition à ce gouvernement, je la veux constructive, efficace, utile – comme j’ai toujours travaillé, dans le dialogue et de manière transpartisane, au cœur de l’arc républicain. Je suis déterminée à transformer cette situation de crise en une opportunité de renforcer les pouvoirs du parlement, pas le bas : en veillant à ce que les cahiers de doléances soient effectivement pris en compte (dont le contenu est à mille lieux de la déclaration de politique générale du Premier Ministre), et en continuant à travailler, chaque jour, sur le terrain dans toute la Drôme, et avec tous les députés volontaires, à des mesures concrètes de nature à améliorer la vie de chacun.
Tout cela, tout ce que nous vivons, ne doit être vain : j’appelle le Gouvernement, et en premier lieu Monsieur Bayrou, à entendre la nécessité de faire cesser l’austérité sur le plus grand nombre pour préserver quelques uns ; à préparer l’avenir en revenant sur les coupes massives opérées par les politiques climatiques et sur la biodiversité : à réparer les fautes démocratiques et sociales de ces dernières années, sur la réforme des retraites comme sur la publication des doléances ; à donner corps, surtout, à ce front Républicain que les Français ont appelé de leurs voeux en juillet dernier.
Je mettrai à l’avènement de ces options, comme je l’ai fait ces deux dernières années, toute mon énergie.