Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Chers collègues,
Depuis plus d’un an maintenant, dans la plus grande mobilisation sociale agricole depuis 30 ans, les agriculteurs dénoncent un modèle qui ne fonctionne plus et l’impossibilité de vivre de leur métier. Les écologistes sont solidaires de leur lutte pour vivre dignement.
Madame la ministre, depuis 30 ans, ceux qui nous gouvernent ont choisi de placer notre modèle agricole sur la voie de l’industrialisation, de la compétitivité à outrance et du libre-échange dérégulé. Les bénéfices : la productivité s’est démultipliée, et on peut boire à coût modique du café sans avoir jamais mis les pieds dans une ferme. Les coûts, maintenant : 100 000 fermes qui ont disparu en 10 ans, des prix pour les producteurs qui se sont écroulés, la crise inflationniste et la spéculation sur les produits alimentaires, des campagnes qui se vident, des rendements souffrant des conséquences des changements climatiques, la biodiversité qui s’effondre et un agriculteur sur 5 qui vit sous le seuil de pauvreté.
On entend qu’il faudrait simplifier les normes, accélérer les procédures, au nom de la sacro-sainte “compétitivité”. mais est ce qu’on veut vraiment être compétitif avec les fermes-usines brésiliennes qui détruisent l’Amazonie ? Cessons cette mise en concurrence qui ne fait que les affaires de grandes multinationales, qui fait disparaître les paysans, et détruit les conditions mêmes de notre capacité à produire, ici.
Madame la Ministre, vous ne pouvez pas demander en même temps à nos agriculteurs l’excellence, tout en leur imposant de produire à bas coût pour être compétitifs face au marché mondial. Vous ne pouvez pas en même temps refuser d’encadrer les surprofits de l’agro-industrie, refuser les paiements pour services environnementaux et laisser les prix agricoles s’effondrer. Le bon sens, c’est la protection de l’excellence agricole française, celle qui garantit des revenus, celle qui nourrit notre pays, celle qui préserve nos capacités à produire demain.
Au Salon de l’agriculture 2024, le président promettait “des prix planchers” pour les agriculteurs. Une promesse, encore une, instantanément balayée par l’alliance des droites et vos alliés macronistes, quand vous vous êtes opposés à notre proposition de loi, au profit d’un Egalim 4 jamais advenu, et de négociations commerciales aux contours inchangés.
Madame la Ministre, le revenu agricole doit être central à la fixation des prix et non pas une variable d’ajustement. Comment comptez-vous enfin agir face à l’impérieuse nécessité de prix rémunérateurs pour celles et ceux qui nous nourrissent ?
Oui chers collègues, l’agriculture n’est rien sans écologie. Les agriculteurs le savent, eux qui voient la disparition des pollinisateurs et les impacts des changements climatiques, eux qui s’adaptent tant bien que mal à vos injonctions contradictoires.
Monsieur Macron parlait la semaine passée de bon sens.
Le bon sens, c’est la protection de l’excellence agricole française, celle qui garantit des revenus, celle qui nourrit notre pays, celle qui préserve nos capacités à produire demain. Monsieur le Ministre, allez-vous enfin protéger les agriculteurs face à ce libéralisme débridé, ou préférez-vous continuer à garantir les profits monstres de l’agro-business ?