Tribune : Commémoration du premier vote des femmes en France le 29 avril 1945

« La femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune. » Olympe de Gouges

Le 29 avril 1945 était un jour d’élections municipales. Il y a tout juste 80 ans, en France, les femmes votaient pour la première fois.

“Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que l’homme” signait ainsi le Général de Gaulle dans son ordonnance qui marquera l’histoire de notre République. Une ordonnance qui, suite au régime de Vichy,  rétablit, en toutes lettres, l’Égalité  inscrite sur le fronton de nos mairies.

Le droit de vote pour la moitié de l’humanité qui n’était alors pas inclue dans le caractère universel du suffrage, ne fut pas le fruit du hasard, mais celui de luttes. Celles de femmes, qui, sans indépendance économique, sans accès à une éducation libre, sans contrôle de leur propre corps, ont donné, parfois de leur vie, pour arracher leur droit le plus essentiel. Celles des suffragistes d’Hubertine Auclert, des référendums officieux, des inscriptions alors illégales sur les listes électorales, de multiples propositions de loi pendant des années repoussées par le Sénat. Celles de résistances de l’ordre établi telles qu’il faudra attendre la Seconde Guerre Mondiale et le rôle premier qu’occupèrent nos grand-mères et arrières grands-mères dans la Résistance, pour faire admettre la liberté de conscience des femmes, leur capacité à penser, voter, et représenter leurs compatriotes de manière libre, éclairée et autonome.

Si grâce aux lois sur la parité les femmes sont désormais plus de 40% dans les conseils municipaux, un peu moins de 40% à l’Assemblée nationale et au Sénat, elles restent largement minoritaires dans les fonctions de Maire, de Présidente de conseil départemental et régional, ou d’EPCI. Si la lutte pour le droit de vote et d’éligibilité a bien été gagnée, elle reste toute entière pour les femmes qui souhaitent s’engager en politique pour s’y faire une place d’“élue parmi les élus”, et ce, particulièrement dans nos territoires ruraux.

Il y a quelques jours, nos campagnes ont emboîté le pas des lois sur la parité de 2000 et de 2013 : grâce à un vote à l’Assemblée nationale, la parité est devenue obligatoire également pour les scrutins municipaux des communes de moins de 1000 habitant-es. J’en suis convaincue : on y trouvera des femmes nombreuses, compétentes et disponibles, qui, faute de modèles assez nombreux, faute de confiance en soi bien souvent, n’auraient pas osé sauter le pas face aux résistances et aux difficultés sans cette fameuse parité. J’aurais aimé écrire que dans notre pays, il n’est pas nécessaire de légiférer pour que les femmes soient représentées de la même façon que les hommes dans nos instances. Mais ce n’est pas le cas, et il est indéniable que l’inscription et l’obligation de la parité dans la loi a joué un rôle essentiel dans la représentation croissante des femmes dans la sphère politique. 

 Alors, comme à chaque fois qu’il s’agit des femmes, on se demande si on trouvera des femmes. Des femmes disponibles. Des femmes compétentes. Des femmes qui auront le temps, de s’occuper de leur famille, d’être en activité, tout en étant de bonnes élues. Ces femmes-là, je les croise tous les jours, dans le cadre de mon mandat : compétentes, engagées, expertes, passionnées par ce qu’elles font, si légitimes. Pourtant, ces “femmes qui tiennent la campagne” semblent bien souvent reléguées au second plan quand il s’agit de trouver des têtes de liste, ou de pouvoir se projeter dans ces fonctions. Renforcer le statut des élu-es afin que la conciliation des vies professionnelles, familiales et politiques soit facilitée, et que la fonction d’élue soit attractive et compatible avec une vie normale pour les femmes est un impératif majeur, que nous luttons pour inscrire à l’ordre du jour face à un Gouvernement qui semble avoir d’autres priorités, à un an des municipales à venir.

Partout où les droits des femmes progressent, c’est la République qui avance. 

80 ans plus tard, continuons à prendre notre place. 

L’héritage en mémoire, la lutte comme boussole.

Marie Pochon

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