Collègues députées de la Drôme – Votez CONTRE la réforme des retraites !

Published by Marie Pochon on

Depuis le 31 janvier, le projet de loi du gouvernement visant à repousser l’âge légal de la retraite à 64 ans suscite un mouvement de grèves et des manifestations dont l’ampleur est inédite depuis 1968. A l’échelle de notre département, ce sont plus de 30 000 personnes qui ont défilé dans les rues de Valence, Romans et de Montélimar à plusieurs reprises. Ces mobilisations battent même des records dans nos petites villes : à Die, Crest, Nyons, les mobilisations de ces dernières semaines se sont apparentées à du jamais-vu en termes de participation. 

Ces journées de grève ou heures de débrayage prises par les salarié.es représentent bien souvent un effort important. Pour un-e salarié-e qui gagne le SMIC soit 1350 €, une journée de salaire en moins, c’est 63 € soit une bonne partie d’un plein d’essence ou une fin de mois encore plus difficile avec un caddie parfois presque vide en ces temps d’inflation. Et pourtant, mardi dernier, c’était la sixième journée de sacrifice. Face à l’angoisse de la fin du mois, c’est prioriser les combats impérieux, pour lesquels on ne compte pas, ou bien en essayant de ne pas y penser. Vous les avez vus, vous les avez entendus, celles et ceux qui iraient jusqu’au bout, malgré les galères, les enfants, les aîné-es, la caisse de grève qui n’y suffiront pas. Elles et eux, se battent non seulement pour leur condition, mais aussi celle de tou-tes les autres, d’aujourd’hui et de demain. Elles et eux ont le cœur vissé à l’intérêt général, aux acquis que leur ont légué leurs aîné-es, à l’avenir que nous laisserons à nos enfants – au système de solidarités que nous réussirons à leur transmettre pour faire face à une planète en proie aux flammes de notre inaction climatique.

Non, ces deux ans de vie ne sont pas négociables. Parce que nous croyons au travail, et donc à son juste partage et à sa juste valorisation, tout autant que nous croyons en la solidarité nationale, fondement de notre pacte républicain. Ces deux ans de vie, ce sont deux ans de plus avec nos enfants et nos petits enfants, ce sont deux ans que nous pourrons consacrer à l’engagement associatif, pour nos communes, la préservation de la nature, les solidarités, dans des espaces où les services publics, eux, disparaissent. Ces deux ans, c’est bien peu face aux centaines de milliards des ultra-riches qui font sécession devant leurs obligations climatiques, sociales et fiscales, alors qu’une nouvelle enquête démontre que les milliardaires en France ne sont imposés qu’à hauteur de 0,11% de leurs revenus. Ces deux ans, vous auriez pu les prendre à d’autres, tellement moins douloureusement. 2%, paraît-il, de taxation des superprofits aux 9 chiffres nous permettaient de rassurer les inquiets sur la pérennité de nos caisses de retraites. 

Nous prendre ces deux ans, de cette manière, en utilisant tous les outils de l’anti-parlementarisme, est bien légal : 47.1, 44.3, 49.3 sont des alinéas de notre constitution – certes pas des plus glorieux. Mais ce n’est pas légitime. Emmanuel Macron ne peut oublier qu’il a été élu au 2ème tour de la présidentielle par une majorité de Français-es pour faire barrage à l’extrême-droite, et non sur son programme. Non sur ce projet de recul de l’âge de la retraite à 64 ans. Et oui, comme il l’assumait lui-même au soir du 2nd tour, cela l’obligeait : à dialoguer, à rechercher des consensus avec une France divisée, multiple, diverse. 

L’opposition à cette réforme n’est pas le fruit d’un caprice. Ce projet est rejeté parce qu’il est injuste. Injuste pour la moitié de la population dont l’espérance de vie en bonne santé est inférieure à 65 ans. Injuste pour toutes celles et ceux dont la pénibilité au travail est ignorée. Injuste pour les salarié.es qui ont commencé jeunes. Injuste pour les femmes. 

Avant d’être députée ou sénateur, sénatrice, lié-e à un parti politique, nous sommes au sein de nos assemblées les représentant-es de celles et ceux que nous devons représenter : citoyen-nes pour les députées, “grands élu-es” pour les sénateurs et sénatrices. Nous avons aujourd’hui une immense responsabilité. 68% des Françaises et des Français sont opposé-es à cette réforme. Les mobilisations à son encontre sont historiques. 

Quatre ans après les Gilets Jaunes, ne pas écouter ce mouvement massif et jusqu’à présent pacifique reviendrait à dire qu’il n’y a que la colère et la violence qui paient. 

Au-delà de notre opinion – légitime – sur l’opportunité ou non de la réforme à l’heure de l’explosion des inégalités, la brutalité avec laquelle elle s’impose aux françai-ses et aux assemblées via toute l’armada des outils contraignants de l’exécutif, fragilise la confiance en l’Etat et sa représentation, abîme notre démocratie, éloigne, s’il en fallait encore, institutions et citoyen-nes. Les syndicats unis ont organisé une opposition responsable et digne face au gouvernement. Ne nous y trompons pas, l’enjeu démocratique est très fort et un passage en force aurait à court ou moyen terme des conséquences désastreuses pour notre pacte républicain.

Aussi, députée de la Drôme, j’appelle aujourd’hui solennellement mes collègues à écouter nos concitoyen-nes, à faire preuve de lucidité et de responsabilité, en appelant le Président de la République à recevoir les représentants syndicaux immédiatement, en refusant ce jeudi l’usage du 49.3 qui semble se préparer sur cette réforme; et en votant contre la réforme si le vote est ouvert aux parlementaires. Un dialogue social constructif pourra dès lors reprendre avec les syndicats. Mmes Clapot et Anthoine, ayez le courage de la démocratie !


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