Discours de voeux 2023

Published by Marie Pochon on

Ce discours a été prononcé à l’occasion du Forum organisé à Crest le 14 janvier 2023

Bonjour à toutes et à tous,

Je vais d’abord commencer par vous souhaiter une très belle année 2023. Même si j’ai assisté à quelques cérémonies déjà, c’est la première fois que je fais des vœux aux Drômoises et aux Drômois, et c’est une grande émotion que d’être ici parmi vous.

Je vous souhaite d’abord la Santé ! Si l’on pouvait enregistrer chaque mot prononcé au sein de chaque foyer français pendant les fêtes de fin d’année, celui-là serait certainement LE vainqueur indétrônable. Parce qu’il ponctue chaque repas de fête, parce qu’il est le vœu qui conditionne tous les autres, ce terme-là n’a pas réellement de compétiteur.

Nos voeux pourraient certes être nombreux en ce début d’année : pour la paix en Ukraine et dans le monde, pour la démocratie retrouvée au Brésil, pour la liberté des femmes afghanes et la victoire des iranien·nes, pour que des actes puissants suivent enfin les engagements souvent creux des dirigeants du monde pour le vivant, ou encore pour que le bonheur envahisse vos et nos vies. Ces vœux-là, je vous les envoie de tout cœur.

Le 19 juin dernier, vous m’avez élue ici dans cette 3e circonscription de la Drôme. Depuis ce jour, j’ai l’honneur de vous représenter à l’Assemblée nationale et de porter la voix des citoyennes et citoyens de notre circonscription. Je sais tout ce que cela implique. Cette responsabilité m’oblige et m’honore.  

Depuis 6 mois, j’apprends jour après jour à appréhender ma nouvelle fonction et tente de “faire de mon mieux” en tant que députée, convaincue de la nécessité de tout donner, que ce soit dans nos travaux, dans la voix que nous portons à l’assemblée, et aussi ici sur notre territoire, où face au status quo, face à ceux qui ne veulent rien changer, nous avons ici l’opportunité immense de porter un autre monde possible, de préparer notre territoire à tous les chocs à venir, de construire des alternatives sur le terrain. 

J’ai à cœur de vous tenir au courant de ce qu’il se passe dans la maison du peuple comme on l’appelle – même si le rythme est acharné et laisse peu de temps pour être assez présente, malheureusement, dans les 240 communes de notre territoire. Journaux de bord, cafés citoyens, permanences – fixes ou décentralisées – sont autant de moyens que l’on a trouvé, collectivement, pour vous tenir informé-es au mieux de ce qu’il se passe à l’Assemblée mais aussi de toutes les initiatives, événements, conférences, qui sont organisées ici dans la Drôme par toutes les forces qui font vivre le département. >>> inscrivez vous 

Mon objectif est toujours “d’aller “vers”, à la rencontre de celles et ceux qui gardent l’espoir tapi, en se disant que ce seront toujours les autres qui seront mieux servis. À construire la République, à porter ses principes et valeurs partout. La verticalité de la Ve République qui gouverne à coups de 49.3 abîme le faire ensemble, dont nous avons tant besoin. Face à cela, je fais le maximum pour aller convaincre, en bataillant pour porter un autre projet de société, un autre monde possible, derrière chaque porte de la circonscription. 

Je suis ravie que organisions ce premier forum de la NUPES (qui est en fait le 2e 😉 parce qu’on s’est déjà retrouvé-es en juillet dernier pour nombre d’entre vous) aujourd’hui à Crest, où j’ai choisi d’établir ma permanence, devant la gare, lieu, là aussi, d’échanges, où vous êtes d’ores et déjà les bienvenu-es pour me faire part de vos préoccupations, que je prendrai avec moi pour les porter à l’Assemblée. 

Je ne vais pas être trop longue pour que nous puissions rentrer dans le vif des sujets à l’ordre du jour aujourd’hui, comme l’eau, les retraites, les déserts médicaux, mais je tenais à vous dire sur une note plus personnelle que ce mandat, je ne l’avais pas envisagé il y a un an de ça. Je me disais : « La politique à ce niveau, c’est pas pour moi ». Moi, la jeune femme d’à peine 30 ans qui n’a fait ni l’ENA ni sciences po, qui a grandi dans un petit village drômois, dans la ferme de mes grands-parents. “C’est pas mon monde.”

Mais beaucoup, certains, mais beaucoup ici, m’en ont ouvert les portes voilà 6 mois. Et ce monde est désormais le nôtre. 

C’est le premier message que je souhaitais vous transmettre : Nous, habitantes et habitants des territoires ruraux, avons notre mot à dire, parce que je suis convaincue que l’avenir se construit ici. 

Car l’ordre établi dans ce monde là, c’est trop souvent l’inaction climatique, les attaques à nos droits, au chômage, au RSA, à la retraite bientôt; ce sont les prix qui augmentent partout, jusqu’à menacer nos paysans, nos artisans et nos boulangers, ce sont 5 millions de passoires thermiques, 400 000 pauvres en plus ces 5 dernières années, c’est un système qui sous couvert de “sérieux budgétaire” laisse les mains libres à un libéralisme effréné, où les 49.3 fracassent d’autres possibles. Pour 2023, choisissons une société qui se détourne enfin de son obsession pour le profit, et de son dogme de la croissance. 

Ces derniers mois, je me suis battue, pour vous et beaucoup avec vous, pour la protection des forêts, pour la tarification progressive de l’eau, l’interdiction des plastiques dangereux, pour la hausse des salaires et la taxation des superprofits, pour les droits des sapeurs pompiers, contre la désertification médicale. J’ai porté la lutte contre les violences faites aux femmes particulièrement dans les territoires ruraux, me suis battue à vos côtés pour l’hôpital public, le maintien des classes et des services publics, ai mis toute mon énergie pour que la France tienne ses engagements en matière climatique. 

Cette année qui s’ouvre, nous devrons, ensemble, faire face à ces nombreux défis. Je sais que nombre d’entre vous s’engagent déjà, au quotidien, font face déjà, aux conséquences des changements climatiques qui bouleversent notre monde. L’eau vient à manquer, la sécheresse se normalise, les incendies ont touché cet été le cœur de notre département, à Romeyer. 

Alors il faudra, cette année qui vient, que j’espère pour chacun-e d’entre vous belle, heureuse, déterminée, émancipatrice, faire fructifier ces initiatives qui habitent notre territoire, les essaimer partout. 

Cette année devra aussi être celle d’un accès égal à un système de soins et de santé partout sur les territoires, à l’heure où près de 70 % des Françaises et des Français déclarent avoir renoncé à des soins par impossibilité d’accéder à un médecin et face à une politique qui pose des rustines sur un système à bout de souffle. 

Ce sera celle d’une ruralité fière, engagée et agissante pour la fin de l’isolement de nos territoires, pour des services publics accessibles à toutes et tous, pour l’émancipation de notre jeunesse rurale, pour les droits des femmes en ruralité, la transition agricole, la préservation de ce qui nous est commun… 

La période est difficile pour nombre d’entre vous. Inflation, impressions de plus en plus souvent de fin du monde climatique, entre les 20°C d’un premier janvier, les pertes de cultures cet été, les bêtes assoiffées, les 11 000 morts de la canicule, l’énergie qui manque tant et est de plus en plus chère. Nous aurons des batailles à mener, qui seront celles que nous ont transmis l’histoire : celle de la vie avant la mort, celle de la diminution du temps de travail, celle de nos acquis sociaux, celle de la justice, celle qui serait financée si nous ne laissions pas plus d’une centaine de milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux grandes entreprises qui en reversent 80% en dividendes : vous l’aurez bien compris je parle bien de la bataille des Retraites qui devra mobiliser chacun d’entre nous, à commencer le 19 janvier derrière les syndicats. 

Nous en aurons d’autres, pour la diversification de notre mix énergétique, pour notre autonomie alimentaire, l’action climatique, la protection du vivant, pour nos services publics, pour le droit à la mobilité, pour les solidarités et l’accueil inconditionnel, pour la paix, pour l’émancipation des jeunesses, y compris dans les territoires ruraux, pour l’égalité femmes hommes, pour la fraternité, pour la liberté, toutes ces batailles nous pouvons déjà les gagner ici, même si nous en perdons d’autres, à l’échelle de nos territoires : d’abord parce que nous sommes là, ensuite parce que nous sommes déterminées à défendre nos territoire,s enfin parce nous sommes ensemble. 

Cette année sera celle de l’espoir, pour toutes celles et ceux, peut-être aussi parmi vous, qui n’y croient plus. 

Une nouvelle année, c’est beaucoup de conventions sociales pour une Terre qui tourne, elle, toujours rond. Mais c’est aussi 12 nouveaux chapitres, et 365 nouvelles chances (ou quasi) de prendre soin de nous, des autres et du vivant. Loin de toutes les fables et aussi bien que la Terre tourne, quand on veut collectivement, on peut. Et alors, l’espoir chevillé au corps, avec courage et détermination, nous gagnerons toutes les batailles du monde. 

« Ils pourront couper toutes les fleurs du monde, ils n’empêcheront pas la venue du printemps« , disait Pablo Neruda. 

Voilà ce que je nous souhaite : le printemps.

Vive la Drôme

Vive la République 

vive la France


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